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Il est seize heures et après avoir commandé un café noir, je m’installe à la dernière table au fond de la salle du Darcy’s. J’aime cet endroit. Je suis venu ici quelques jours après avoir débarquer à New-York et c’est en quelque sorte devenu mon refuge. Quand j’ai besoin de m’isoler sans que Leah ne se demande ce qui m’arrive, je viens ici. Je peux rester des heures ici à faire durer mon café ou au contraire à en prendre plus d’une dizaine en moins d’une heure. Cela dépend de mon humeur. Aujourd’hui, il faut absolument que je me concentre sur mon projet pour l’école. C’est le devoir le plus important de l’année pour mon cursus et je dois dire que je me mets peut être un peu trop la pression à propos de cela. Je dors de moins en moins et je passe tout mon temps à prévoir les différents plans, le scénario, le jeu que j’aimerais trouver et les techniques que je voudrais utiliser. Ce matin j’ai fait un premier casting pour mes différents personnages. Ce n’est qu’un court métrage, mais je n’ai pas envie de faire cela n’importe comment. Mon diplôme dépends presque entièrement de ce projet donc je n’ai pas envie de faire les choses à moitié. C’est donc assis au calme que je repasse en vue les différents acteurs qui ont postulé ce matin. Je pense avoir trouvé mon personnage féminin. Je connais la demoiselle depuis mon arrivée à l’école et on s’entend vraiment bien tous les deux. Elle comprend ce que je recherche dans mon travail et par conséquent je sais qu’elle ne me décevra pas. En ce qui concerne le personnage principal masculin, j’ai un peu plus de mal à faire un choix. Il y a ce garçon. Un beau garçon, au regard bleu océan… Quand je l’ai vu, la première chose que j’ai remarqué c’est son regard. Tout de suite, j’ai pensé à Jounàs et tout de suite j’ai cherché les émotions que Jounàs arrivait à faire passer par son regard. J’ai cherché le bleu foncé qui caractérisait sa colère et le bleu cyan profond qui me donnait juste envie de me noyer dedans, mais je n’ai rien trouvé de tout cela. Je me suis laissé envahir par mes émotions et par le manque. Au final, je me souviens même pas de l’audition de se jeune homme. Je soupire longuement et bois une longue gorgée de mon café. Il faut que j’arrête de penser à Jounàs. Il n’est pas ici, j’ai choisi de partir sans lui dire où j’allais et il faut que j’arrête. Il me manque vraiment, mais je ne trouve pas le courage de le contacter. Bref. Il faut que je travaille, je n’ai pas le temps de rêvasser. Je me fais déjà assez de mal comme cela avec tous mes regrets.

Je finis donc par me plonger littéralement dans mon travail. J’écris tout un tas de notes dans mon cahier qui est déjà noir d’idées. Je pense à de nouvelles techniques que j’aimerais tester. Je fais une liste d’une matériel que je vais devoir emprunter auprès de l’école et je finis même par appeler un de mes camarades pour s’organiser afin de ne pas vouloir la même caméra en même temps. Je commande un nouveau café – le troisième – auprès de la serveuse et me replonge dans mon travail. Je prends tout de même le temps d’envoyer un message à ma sœur pour lui dire que je rentrerais sûrement tard ce soir et qu’elle ne doit pas m’attendre pour dîner. Je sais qu’elle va râler, mais j’aime bien travailler dans un bar plutôt que chez moi. Parce que chez moi le silence est roi et cela m’empêche de trop penser. Ici je me sens bien. En plus, personne ne vient jamais m’embêter. Je suis un client fidèle et même si je vide leurs réserve de café on m’accueil toujours avec le sourire. Je m’accorde une petite pause pour vider ma tasse et surtout je finis par me lever pour aller demander un stylo au bar vu que le mien à décider de rendre l’âme. Je me glisse derrière un client qui passe sa commande et lance un sourire à la serveuse. Comme souvent elle me drague un peu, mais je n’ose pas vraiment lui dire que son sourire charmeur ne m’intéresse pas du tout. Elle me donne un stylo, je la remercie poliment et je fais un pas en arrière dans l’optique de me retourner et retourner à ma place. J’ai juste le temps de faire la moitié de tout cela que je finis par foncer délibérément dans quelqu’un. « Oh. Pardon, je… » Je n’ai pas le temps de finir ma phrase, parce que je manque littéralement de m’étouffer en posant mon regard sur la personne que je viens d’heurter. Ce n’est pas les traits du visage que je remarque en premier, mais plutôt deux yeux bleus. Des yeux que je connais par cœur. Jounàs. Mon propre palpitant manque plusieurs battements, tellement que je me demande s’il fonctionne encore normalement. Qu’est-ce qu’il fait ici ? Pourquoi il est là ? Est-ce qu’il m’a cherché ? Je commence à trembler de la tête aux pieds et je ne suis même plus capable de formuler une phrase correctement. Je me racle la gorge et passe une main nerveuse dans mes boucles désordonnés. J’avais presque oublié a quel point il peut être beau. D’un seul coup, j’ai envie d’aller me fondre dans ses bras, d’enfouir mon visage dans le creux de son cou pour respirer à plein poumon son parfum qui m’as tellement manqué. Je me reprends bien vite en me disant que ce serait le meilleur moyen pour lui de m’en mettre une. « Salut… » finis-je par dire timidement. Plus débile tu meurs. Pourtant je ne peux pas faire comme si je ne le connaissais pas. Je ne peux pas faire cela alors qu’il me manque tellement et que j’aimerais tellement savoir comment il va.

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Je crois que j’aurais pu tout prévoir. Vraiment tout. Sauf de rentrer dans Jounàs, ici, dans ce café que je fréquente tout les jours. J’ai l’impression que quelqu’un viens de me jeter du haut d’un immeuble et je ne sais pas quand je vais atterrir. Je me perds tout de suite dans l’océan de ses yeux et très vite je comprends que quelque chose cloche. Il n’a même pas besoin d’ouvrir la bouche. Cela fait six mois que je ne l’ai pas vu et pour le moment j’ai l’impression d’être face à un total étranger. C’est lui, je pourrais le reconnaître de partout, mais il y a quelque chose de différent. Mes yeux lâchent les siens l’espace de quelques minutes et je me perds de l’observer de la tête aux pieds. Ses joues sont creusées, il a les cheveux en bataille et les yeux rouges. Je me sentais déjà coupable sans le voir, mais là je me prends toute ma culpabilité en pleine face. Il aurait pu me gifler que l’effet aurait été le même. Je me déteste plus que tout. Il avait besoin de moi et je l’ai laissé tomber. Je sais que j’ai plusieurs bonnes raisons, mais aujourd’hui encore j’ai du mal à expliquer pourquoi je suis parti juste en lui laissant un petit mot. Sans me retourner. Nerveusement je passe une main dans mes boucles. Je ne sais plus quoi faire. J’ai l’impression de trembler. En fait, ce n’est pas une impression, je tremble de la tête aux pieds. Oh non. C’est pas le moment, il faut pas que je me mette à faire une crise d’angoisse maintenant. On a pas besoin de cela, franchement. Enfin. Est-ce que le ‘on’ que l’on avait l’habitude d’être existe encore ? Vu la façon qu’il a de s’adresser à moi, je crois que ce n’est pas le cas. Est-ce que je peux lui en vouloir ? Je ne crois pas. Je mérite son arrogance et la façon dont il me regarde. De manière maladroite, il me demande ce que je fais ici et encore une fois je suis incapable d’ouvrir la bouche. J’ai envie de lui dire que je me cache, mais je préfère me taire et baisser les yeux. Je connais Jounàs. Je sais que je dois faire attention à tout ce que je fais, à tout ce que je dis sinon il va faire une crise. Je n’ai pas peur de cela, parce que même après plus de six mois je sais que je pourrais encore gérer, mais je ne veux pas qu’il explose en public. Ou pire qu’il rentre chez lui tel une bombe à retardement et qu’il explose alors qu’il est tout seul. Enfin. Il est tout seul ici ? D’ailleurs qu’est-ce qu’il fait ici ? Vu la surprise dans son regard, je me dis qu’il ne m’a pas retrouvé et que tout cela est une énorme coïncidence. Cela bouscule tout mes plans. J’avais prévu de le retrouver, mais pas maintenant, pas alors que je suis encore terroriser à l’idée que Thony me retrouve ou s’en prenne à lui. Pourtant, je n’ai pas le temps de penser à cela, il est déjà en train de me tourner le dos en me disant que finalement il s’en fiche de savoir ce que je peux bien faire ici. La dernière chose que je vois c’est ses poings se serrer à tel point que ses jointures en deviennent blanche. Je suis pas bête. Il a bu. Raison de plus pour faire attention à ce que je vais lui dire, parce que oui je ne suis pas prêt à le laisser partir aussi facilement. Je le laisse commander son café pour ne pas faire de scène devant la serveuse – parce que je n’aime pas attirer les regards sur moi – et attrape doucement son poignet. « Jounàs… » Je ne sais même pas par où commencer, mais je sais que j’ai un millions de choses à me faire pardonner auprès de lui. « Je… On peut discuter un peu ? » Pour la première fois depuis des années, j’ai un peu peur de sa réaction. J’ai peur qu’il s’enflamme et j’ai peur de le perdre pour toujours. « Je sais que je te dois des explications, je… Je peux pas tout te dire, mais je peux essayer. » Je ne veux surtout pas qu’il sache pourquoi je suis parti sans me retourner, il n’as pas besoin de savoir. Par contre, j’ai besoin de savoir ce qu’il fait ici. « Tu vis plus à Portland ? » demandais-je alors timidement, alors qu’il ne m’a toujours pas répondu et que l’on est toujours planter en plein milieu du café.

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Je n’aime pas le Jounàs que j’ai en face de moi. J’ai tellement espérer de nos retrouvailles. Je me laissais un peu de temps et bien entendu je serais parti le chercher. Je savais qu’il ne m’accueillerait pas avec les bras ouverts, c’est certains, mais je m’attendais pas à le trouver aussi changer en six mois. J’ai l’impression d’être en face d’un véritable étranger et je n’aime pas cela. Je n’aime pas la façon qu’il a de me regarder, je n’aime pas l’odeur d’alcool qui émane de ses vêtements, je n’aime pas le garçon en face de moi. J’ai l’impression que le garçon dont je suis tombé amoureux est parti bien loin et tout cela est entièrement de ma faute. Je me sentais déjà assez coupable comme cela, mais là ça devient de pire en pire. L’espace d’un instant, je me demande si je ne ferais pas mieux de lui tourner le dos et de partir. Pour la première fois j’ai peur de Jounàs et je n’aime pas cela. J’ai peur qu’il m’en décolle une dans un accès de violence. Je crois que ce serait la pire des choses qu’il pourrait me faire, me frapper intentionnellement juste parce que je l’énerve. Il a été celui qui m’as ramassé à la petite cuillère et j’espère sincèrement que le garçon qui m’as soutenu il y a quelques mois de cela et encore là quelque part sous cette carapace. Je lui demande gentiment si on peut discuter un peu et bien entendu il m’envoi bouler. A quoi je m’attendais sérieusement ? Il faut que j’arrête je crois. Je ne peux m’en prendre qu’à moi même de toute manière. Je n’aurais jamais dû partir de cette manière. J’aurais dû lui expliquer, je crois que j’aurais dû ravaler ma fierté. Oui mais avec des si on pourrait refaire le monde. Puis sans que je n’ai le temps de comprendre quoique ce soit, il m’envoi toutes mes fautes à la figure. Le mot ‘abandon’ résonne en moi comme jamais. J’ai l’impression que mes genoux ne vont pas tenir le coup. J’ai une énorme boule qui se forme dans ma gorge et je crois que je vais me mettre à pleurer face à lui. « Je pouvais pas rester Jounàs… » Tel un enfant pris en train de faire une bêtise, je baisse la tête et fixe mes pieds. J’aimerais tellement qu’il comprenne sans que je n’aie rien à dire, mais non… Il s’entête, il s’énerve et quand je lui demande s’il a quitté Portland, sa réponse me fait presque froid dans le dos. Il ne m’a jamais parlé de cette manière, jamais. Je relève doucement la tête et croise son regard que je soutiens quelques secondes. « J’aime pas quand t’as bu. » Il à l’air surpris de m’entendre dire cela. J’ai envie de m’énerver sur lui, j’ai envie de le prendre par les épaules et de le secouer pour qu’il réagisse un peu. J’oublie carrément le reste de la clientèle du café, j’oublie que je devais bosser sur mon projet, j’oublie tout. Il n’y a que Jounàs qui existe et j’aimerais tellement qu’il accepte de parler un peu avec moi. « Il fallait que je m’en aille Jounàs, je pouvais pas rester à Portland et c’était mieux que tu ne sache rien. Je sais que je n’aurais pas dû faire les choses comme ça, mais… Je serais revenu te chercher tu sais. Quand tout sera fini, je serais revenu. Tu me manque tous les jours, mais c’était mieux comme ça. » Pitié qu’il me croit et qu’il m’écoute un peu.

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Quand il m’assure que je pouvais rester, j’ai presque l’impression de revoir ma sœur me dire que l’on a toujours le choix dans la vie et qu’il ne faut jamais se laisser marcher dessus. Tout le monde est en train de me mettre mes erreurs sous le nez et j’ai juste le sentiment que je vais finir par m’effondrer. Littéralement. Je vais tomber et je ne pourrais plus me relever. J’aurais dû rester à Portland et sûrement que j’aurais dû attendre Thony les bras ouverts pour qu’il finisse de me casser la gueule. Au moins ma sœur n’aurais pas eu à déménager et Jounàs ne m’en voudrais pas à mort. Je n’aurais sûrement pas pu en profiter, mais au moins rien n’aurait changé et tout le monde aurait été heureux. Bien sûr que je pouvais rester. Bien sûr Jounàs et puis mon ex t’aurait battu à mort. Oui c’est sûr que j’aurais dû rester. J’ai envie de pleurer d’un seul coup, mais genre vraiment. Comme un bébé, comme pratiquement tous les soirs quoi. C’est tellement pathétique. D’un seul coup, j’ai juste envie de me mettre à hurler. J’ai surtout envie d’hurler lorsqu’il se met à me mentir ouvertement en me disant qu’il n’a pas bu. Un rire nerveux s’échappe d’entre mes lèvres et je finis par regarder le bout de mes chaussures. Je me demande ce que je fais encore là en face de lui. Il ne veut plus de moi dans sa vie alors pourquoi est-ce que je m’acharne comme cela ? D’un seul coup, mes chaussures deviennent la huitième merveille du monde. J’allais abandonner quand je sens la main de Jounàs se glisser sous mon menton pour que je relève les yeux vers lui. Emeraude contre cyan. On ne se dit rien pendant quelques secondes et finalement il me demande si je me moque de lui. Cette fois j’ai vraiment envie de lui tourner le dos pour de bon. Pourtant je suis un idiot de première et j’essaye encore une fois de rattraper les choses. Parce que Jounàs est mon meilleur ami, parce que je l’aime et que je suis un abrutit de première. J’essaye de m’expliquer, mais finalement Jounàs s’emporte. Il hausse le ton et sans m’en rendre compte je commence à trembler de la tête aux pieds. Depuis quand j’ai peur de lui comme cela ? En réalité, ce n’est pas de lui que j’ai peur, mais de la dispute qui se profile. La dernière violente dispute que j’ai eu avec un homme à failli me conduire tout droit aux urgences et malheureusement ce n’est pas quelque chose qui s’oublie en quelques mois. Jounàs s’emporte et ses mots commencent à réellement me faire mal. Jusqu’à sa dernière phrase. Sans m’en rendre compte, je commence à pleurer pour de bon. Les barrières sont tombées. J’essaye de contrôler mes sanglots, mais ça ne mène pas à grand chose. Je suis en train de pleurer en public, parce que Jounàs m’as jeté en pleine tête que je n’étais qu’un lâche et il a raison. C’est ce qui fait le plus mal. Qu’il est raison. Je suis triste et en colère. J’ai l’impression de ne plus rien maîtriser du tout. Je m’essuie rageusement les joues et fixe de nouveau Jounàs. « Thony m’as menacé. Il a failli s’en prendre à ma sœur parce que je l’ai quitté. Il voulait s’en prendre à toi aussi si jamais il nous revoyait ensemble. Bordel Portland est la plus petite ville du monde, il nous aurait vu et j’aurais jamais supporté qu’il s’en prenne à toi. Tu comprends ça ? Tu comprends que je puisse avoir honte de ça. J’ai vingt et un an et j’ai peur de mon ancien copain qui s’amusait à me frapper. » Plus je parle, plus je hausse le ton, je ne hurle pas forcément, mais mon ton est froid et dur. « J’ai eu peur. J’ai toujours peur parce qu’il me harcèle de messages. » Je secoue quelque peu la tête et fixe de nouveau le sol. « Alors oui je l’ai pas fait de la meilleure façon, mais je l’ai fait parce que j’étais terrorisé et que je pensais que tu avais pas besoin d’une merde comme moi dans ta vie. » Et sans attendre une quelconque réponse de sa part, je le contourne et retourne m’asseoir à ma table. Je me suis à peine installer sur ma chaise, que je fonds en larmes. Je crois que je viens de perdre mon meilleur ami pour toujours…

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Je m’étais promis de ne jamais réellement expliquer le pourquoi de mon départ à Jounàs. Je ne voulais pas qu’il sache. Je ne voulais pas qu’il comprenne à quel point j’ai peur et surtout à quel point je suis faible. Je me suis toujours montrer fort devant lui. J’ai laissé tomber les barrières une seule et unique fois, je ne veux plus jamais le refaire. Jounàs n’as pas besoin de cela, je crois qu’il a déjà assez de problème comme cela dans sa vie. Pourtant quand il me dit que je ne suis qu’un lâche, je ne retiens plus rien et je me mets à pleurer comme le gamin que je suis. Je n’arrive même pas à me retenir. J’ai juste envie d’aller me cacher dans un coin de la pièce et de me rouler en boule pour que tout le monde me laisse tranquille. En particulier Jounàs. Je n’ai plus vraiment envie de me battre pour lui expliquer les choses, pas alors qu’il vient de me dire cela. Alors je ne réfléchis plus et je lui dis tout. Enfin pas tout, mais je lui explique la situation de manière générale. Pour qu’il comprenne que je n’ai pas fait de manière intentionnelle. Je ne cherchais pas à lui faire du mal, c’est juste la seule solution que j’ai trouvé. C’est tout. Je n’ai pas réfléchis, mais il sait que ma petite sœur passera toujours avant les autres et si quelqu’un peut bien comprendre cela c’est lui. Je lui dis tout et je finis par retourner à ma place. Je déteste pleurer en public. C’est vraiment quelque chose que je ne supporte pas. Je n’aime pas que les gens puissent avoir conscience de ma faiblesse. En particulier les gens que j’aime et que je cherche à protéger. Je devrais me lever et partir, mais je n’y arrive pas. Je tremble de la tête aux pieds et j’ai les yeux tellement emplis de larmes que je ne vois rien. Je cache mon visage entre mes mains et tente de respirer correctement. C’est pas le moment de faire une crise. Je me concentre sur ma respiration et tente d’oublier les gens qui m’entourent jusqu’à ce que j’entende la chaise à côté de moi raclé sur le sol. Je sens une paire de bras s’enrouler autour de mes hanches et je n’ai pas besoin de relever la tête pour savoir qu’il s’agit de Jounàs. Même s’il sent l’alcool son parfum reste le même. J’hésite un instant, mais quand il m’attire à lui, je ne peux pas résister à l’envie d’aller enfouir mon visage dans le creux de son cou. Je sanglote encore alors qu’il essaye de me rassurer. « Tu… Tu l’as dis Jounàs et je sais que c’est vrai. Je suis juste un lâche… » Je le pense tous les jours depuis six mois qu’il le dise à voix haute n’as fait que renforcer l’idée. Je me déteste pour tout ce que j’ai pu lui faire subir même s’il m’assure que je sois la meilleure chose qui lui soit arrivé. « T’as pas besoin de mentir tu sais. » Mes gestes sont totalement en contradictions avec mes mots. Je pense qu’il ment et pourtant je m’accroche à lui comme à une bouée de sauvetage. Parce qu’il est ma bouée à moi et que je ne sais toujours pas comment j’ai pu survivre à six mois sans lui. Il dit qu’il va me protéger et je me remets à pleurer comme un enfant. « Il… Il était devant chez moi. Il a voulu parler avec Leah. C’est ma petite sœur… Je veux pas qu’il la touche parce que je l’ai quitté. Il m’a envoyé un message hier pour me dire qu’il me retrouverait et qu’il arriverait à me reconquérir. J’ai peur Jounàs. Vraiment… » J’essaye d’articuler tout cela entre un millier de sanglots et contre la peau de son cou. Je prends quelques minutes pour me calmer sans pour autant me décaler des bras de Jounàs. Mes sanglots s’atténuent petit à petit et j’arrive de nouveau à respirer plus ou moins correctement. Je me redresse un peu et croise le regard de Jounàs. Subitement j’ai envie de l’embrasser, mais je me fais violence pour ne rien faire de tout cela. « Je voulais pas te faire de mal… T’as pas besoin de mes problèmes dans ta vie Jounàs. Et puis… J’avais peur que t’arracher de Portland ne t’aide pas avec… Enfin tu sais. » J’avais peur que l’éloigner des souvenirs de sa sœur soit la pire des idées. « Et puis t’as pas besoin de moi. » Je me relève complètement et essuie mes joues avant de rassembler nerveusement mes affaires. J’ai envie de rentrer chez moi. Je veux voir ma sœur m’assurer qu’elle va bien. Je veux aller me mettre dans mon lit et m’étouffer sous ma couette.

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Lorsque je sens les bras de Jounàs s’enrouler autour de mes hanches, je ne réfléchis plus. Je finis par aller cacher mon visage dans le creux de son cou. J’en rêvais depuis le moment où je l’ai trouvé en face de moi. Il me manquait tellement. D’un seul coup, j’ai l’impression que mon monde tourne rond à nouveau. Il est là et je sais que tout va commencer à rentrer dans l’ordre. Je ne sais pas encore comment tout va bien pouvoir se dérouler en nous, mais je sais que je ne le laisserais pas s’enfuir. Pas maintenant qu’il sait le pourquoi du comment. Il ne sait pas tout, mais il en sait suffisamment. Je crois qu’il a compris. Que je ne voulais pas m’éloigner de lui, que j’ai fait au mieux. Ou tout du moins j’espère qu’il a compris, parce que je ne pense pas avoir la force de l’expliquer encore et encore. Pour le moment, j’essaye juste de me calmer dans le creux de ses bras. J’ai tellement espérer me retrouver là. J’en ai rêvé des nuits entières et le voilà enfin avec moi. Il me caresse les cheveux et j’en profiter pour fermer les yeux quelques minutes. Il m’avait tellement manqué. C’est inhumain. Franchement je me demande comment j’ai tenu sans lui. Il me parle et je n’ai pas besoin de relever la tête pour savoir qu’il est également sur le point de flancher. On est tous les deux aux bords du gouffre, mais maintenant que nous sommes de nouveau ensemble je me dis qu’il reste encore un peu d’espoir pour qu’aucun d’entre nous ne saute. Il m’assure qu’il ne nous arrivera plus rien et pour la première fois depuis six mois j’ai envie de baisser les armes et de le croire. Pour la première fois, j’ai juste envie qu’il me prenne par la main et qu’il m’emmène n’importe où. Je le suivrais au bout du monde du moment qu’il reste avec moi. Mais pour le moment, j’ai juste envie de rentrer chez moi. Je commence à rassembler mes affaires, mais visiblement Jounàs à peur que je parte sans lui puisqu’il m’attrape la main et me fais une sorte de déclaration qui fait que mon petit cœur manque un bon nombre de battements. Je crois que c’est la première fois qu’il est aussi sincère avec moi et j’en suffoque presque. Lorsqu’il se jette dans mes bras je ne le repousse pas. Bien au contraire. J’enroule mes bras autour de lui et je viens déposer un baiser sur le haut de son crâne. « On va plus se séparer. Je te le promets. » On reste un bon moment comme cela sans se préoccuper du monde qui nous entoure puis je me détache un peu de lui sans pour autant lâcher sa main. Je jette mon sac sur mon épaule et me tourne vers Jounàs un petit sourire aux lèvres « Viens. »

Je l’embarque dans les rues de New-York et en quelques minutes on arrive à mon appartement. Je me sens plus en sécurité ici et je dois dire que je n’ai pas envie de laisser Jounàs s’en aller. J’ai bien l’intention de m’endormir dans le creux de ses bras ce soir ! Leah passe dans le couloir et sursaute en me voyant accompagner, mais quand elle remarque qu’il s’agit de Jounàs elle lui saute dans les bras. Elle remarque aussi bien vite que j’ai les yeux rouges et je la rassure en lui disant que tout va bien. Elle me signe qu’elle va nous laisser tranquille et que l’on a intérêt à se réconcilier complètement, je rigole, l’embrasse sur la joue et entraîne Jounàs dans ma chambre. Je ne lui demande même pas son avis, je l’emmène sur mon lit et on s’allonge l’un à côté de l’autre. J’hésite un instant et finis par aller me blottir tout contre lui, pour être sûr qu’il ne s’en aille pas. Je finis par briser le silence en prenant la parole. « Qu’est-ce que tu fais à New-York ? » Mes doigts courent doucement sur son bras et je cale mon souffle au sien. Une nouvelle fois, un léger silence s’installe entre nous, mais rien de lourd. On se retrouve à notre manière et c’est bien plus que ce que j’avais pu espérer. « Tu m’as tellement manqué Jounàs… »

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On arrive assez rapidement à mon appartement et je dois dire que je me sens tout de suite un peu mieux. Cet appartement est véritablement devenu mon cocoon de protection. Pour le moment, j’arrive encore à croire que personne ne pourra m’atteindre ici. Je n’ai amené aucuns de mes camarades de classe ici, c’est juste ma sœur et moi. Et Jounàs également à partir d’aujourd’hui. Ma sœur est assez maligne pour comprendre que j’ai besoin de passer un moment seul à seul avec mon meilleur ami et elle nous laisse tranquille. J’entraîne tout de suite Jounàs dans ma chambre et ne perds pas de temps pour aller m’allonger dans mon lit avec lui. C’est quelque chose que l’on avait l’habitude de faire avant que je parte sans prévenir. On s’allongeait tous les deux et on ne parlait pas beaucoup. On était juste ensemble. Nous contre le reste du monde. Aujourd’hui j’ai soudainement l’impression que rien n’as vraiment changé. Il est là, je le sens respirer à côté de moi et c’est tout ce que je demandais. Le silence me plaît, mais je finis tout de même par le briser. J’ai besoin de savoir ce qu’il fait ici aussi loin de la maison. Sa réponse m’étonne quelque peu. « Mais t’as toujours voulu faire ça pourtant. » J’ai toujours imaginé Jounàs en bon professeur. Malgré ses crises, il a la patience qu’il faut pour enseigner et il est tellement passionner par les livres qu’il en parle sans vraiment se forcer la plupart du temps. Je me relève légèrement pour croiser son regard et je comprends que ce n’est pas vraiment son travail le problème. Non le problème c’est le reste. « Je… J’ai été pris à mon école de cinéma… J’avais prévu de t’en parler, je voulais prendre le temps d’en parler avec toi parce que d’une manière ou d’une autre je serais parti, mais… Tout c’est dérouler plus vite que prévu au final. » Je soupire un peu et préfère me rallonger au lieu de croiser son regard. Cette école c’était mon rêve et je suis fier de pouvoir apprendre là-bas, mais j’aurais aimé que les choses se déroulent d’une manière différente.

Une nouvelle fois le silence nous englobe, mais lorsque je lui murmure qu’il m’a manqué je sens Jounàs bouger sous moi. On se retrouve sur nos coudes, l’un en face de l’autre et doucement sa main vient caresser ma joue. Je me sens littéralement défaillir, mais essaye de contrôler les battements de mon cœur et surtout le rouge qui me monte aux joues. Je souris quelque peu et viens déposer un léger baiser sur sa joue avant d’aller enfouir mon visage dans le creux de son cou. Ca m’évitera de faire une connerie et de l’embrasser. Je prends le temps pour calmer un peu mes ardeurs et finis par sortir de ma cachette pour le regarder à nouveau. Il à l’air tellement différents en seulement six mois. Mes doigts viennent doucement effleurer ses paumettes et je soupire longuement. « Tu as encore maigri… » Mes doigts glissent alors sur ses cernes et je plonge mon regard dans le sien. « Ca fait combien de temps que tu as pas dormi une nuit complète ? » Je n’ose pas aborder le fait qu’il sente tant l’alcool alors que la nuit n’est pas encore tomber, mais il n’y échappera plus tard. Pour l’instant j’essaye juste de voir à quel point j’ai pu faire des dégâts dans sa vie.

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Je suis réellement étonner de voir que Jounàs n’aime pas ce qu’il fait de sa vie. Je l’ai toujours entendu parler de son envie de devenir professeur. Il a travaillé dur pour cela et maintenant j’ai le sentiment qu’il est juste coincé dans une vie qui ne lui plaît pas du tout. Il à l’air totalement à l’ouest. Pourtant lorsque je lui parle de mes études, je vois un léger sourire se dessiner sur ses lèvres. Cela me fait chaud au cœur. Il à l’air fier de moi et venant de lui c’est véritablement le plus beau des cadeaux, vraiment. Je l’ai tellement bassiné avec mes envies d’entrer dans cette école de cinéma. A une certaine époque je le forçais même à jouer les acteurs pour moi et mes courts métrages. D’ailleurs, le court métrage que je suis en train de mettre en place parle largement de son histoire. La perte de sa sœur, ses crises, sa douleur, surtout sa douleur. Je me suis inspiré de tout cela pour créer une histoire. Jounàs est ma source d’inspiration et j’aimerais vraiment lui montrer mon travail quand tout sera terminé. « C’est le rêve tu sais. En ce moment, j’ai un devoir pour une de mes classes, je dois faire un court métrage tout seul. De A à Z. Il y a des professionnels qui verront notre travail à la fin, t’imagine ! » Oui. Je suis vraiment, vraiment, excité par mes études et par ce fameux projet. Ma petite sœur me soutiens depuis le début et j’espère que Jounàs en fera de même. Je suis persuadé que l’avoir de nouveau à mes côtés va rebooster totalement mon envie de travailler et mon imagination. Enfin. Je crois qu’il faut que j’arrête de papillonner comme cela. Il faut que je me concentre sur Jounàs. Il a tellement changé. Il ne me faudra pas longtemps pour voir qu’il a encore maigri en six mois. Je suis persuadé que si je soulève son tee-shirt, je pourrais largement voir ses côtes. Je n’aime pas cela. Je n’aime pas le voir aussi faible, je n’aime pas ses cernes presque violette sous ses yeux. Je tente d’aborder le sujet, mais tout de suite je comprends que ce n’est pas une très bonne idée. Rien qu’à la façon qu’il a de prononcer mon prénom, je sais qu’il n’apprécie pas que je parle de cela. Mon regard ce perds dans le sien, alors qu’il semble réfléchis. Quand il me répond, un frisson s’empare de moi. En quelques secondes, je m’éloigne de lui et vais m’asseoir un peu plus loin sur le matelas. Je tourne le dos à Jounàs et rapproche mes genoux de mon torse pour enfouir mon visage contre mes jambes. J’ai de nouveau envie de pleurer. Il est tellement fatigué, il a l’air tellement mal. Je me déteste de lui avoir fait subir cela. Tellement. « Je suis désolé Jounàs… C’est de ma faute tout ça. » J’ai la voix qui déraille sur la fin de ma phrase. Je me sens tellement, mais tellement mal. « Je supporte pas de t’avoir fait subir tout ça. Tu ne méritais pas ça… » Je soupire doucement et finis par relever la tête pour me tourner un peu et le regarder. « Reste ici ce soir. » Je n’ose pas lui dire de vive voix, mais c’est juste parce que j’ai envie de veiller sur lui. Je sais d’avance que s’il accepte, je ne vais pas dormir de la nuit juste pour m’assurer qu’il va bien.

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Je devrais profiter pleinement de mes retrouvailles avec Jounàs, mais je dois dire que j’ai du mal. Je n’arrive pas à passer au-dessus du fait que j’ai tout fait foirer. Ce n’était pas pleinement de ma faute, enfin… J’ai juste voulu fuir mon ex copain et ses menaces. J’essaye de me répéter cela en boucle, mais tout ce que j’arrive à voir c’est que Jounàs à maigrir et qu’il semble plus fatigué que jamais. Il n’était déjà pas en pleine forme lorsque je suis parti, mais maintenant j’ai l’impression que c’est pire que tout. J’ai le sentiment d’être en face du fantôme de mon meilleur ami et cela me fait mal au cœur. Véritablement. Je ne sais plus ou me mettre. D’un seul coup, je n’ai pas vraiment envie qu’il me touche. J’ai brusquement envie d’aller me réfugier auprès de ma sœur. J’entends tout ce que Jounàs me dit, mais je n’arrive pas à le croire. Comment il peut ne plus m’en vouloir d’un seul coup comme cela ? Je peux pas croire ça. Je suis le responsable de tout cela, il devrait m’en vouloir. Je ne comprends plus vraiment où j’en suis et je préfère donc m’éloigner de lui. Pourtant le beau mécheux ne lâche pas l’affaire et finis par venir coller son torse contre mon dos pour me câliner. Je prends appui contre lui et regarder ses mains croisés sur mon ventre. J’ai tellement envie de me retourner et de l’interroger sur sa vie actuelle. J’ai envie de savoir s’il a quelqu’un dans sa vie ou pas. Je sais que je devrais pas penser à cela. Pourtant je voudrais savoir. Je viens de le retrouver et déjà je me demande si je ne devrais pas être totalement honnête avec lui. Parce que si je suis aussi mal depuis six mois, c’est pas seulement parce que mon meilleur ami me manque, c’est pire que cela. J’étais en manque de ses câlins, de son parfum, de ses bisous dans mon cou. J’étais en manque de sa présence et c’est quelque chose que je veux véritablement rattraper avec lui. Alors sans réfléchir plus longtemps, je lui propose de rester ici cette nuit. Je lui fais un petit sourire pour essayer de me faire passer le message que je veux lui donner : « Je t’offre un tour dans ma douche aussi. J’aime tes câlins, mais… Tu sens vraiment le whisky. » Je ne vais pas insister. J’aimerais savoir, mais je ne veux pas le braquer, je ne veux pas qu’il s’énerve, pas ce soir. Pourtant je sais qu’il a un peu trop abusé…

Je me tourne quelque peu pour pouvoir de nouveau croisé le regard de Jounàs. Je lui souris timidement sans pour autant me détacher de lui. J’aime tellement être contre lui. J’ai le sentiment que tout tourne de nouveau rond dans mon petit monde. Je ne dis pas que tout est régler, loin de là, mais au moins cela va déjà un peu mieux. Maintenant il faudrait juste que je règle le problème Thony. « Tu crois que je vais pouvoir me débarrasser de lui ? » demandais-je alors à demi-voix. J’ai tellement peur de lui. Rien que de penser à Thony, je me mets à frissonner de la tête aux pieds et je me blottis encore plus dans les bras de mon meilleur ami. « Je dors avec Leah parce que j’ai peur qu’il arrive en pleine nuit et qu’il me frappe… Des fois j’ai l’impression d’encore sentir ses coups sur moi. » Je baisse les yeux et soupire longuement. « Je veux plus vivre dans la peur comme ça. » Je voudrais dire merde à tout cela, mais je n’y arrive pas et c’est dur. J’ai l’impression d’être un gamin incapable de se débrouiller tout seul.
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