C’est une soirée comme une autre après une journée comme une autre. Lydia récupère son manteau après avoir vérifié que toutes les vitrines de la boutique étaient bien fermées à clé pour ne pas tenter le diable si les bijoux sur lesquels elle travaille dans la journée étaient laissés à l’air libre, prêts à être attrapés par le premier venu. Ce soir c’est elle qui fait la fermeture et c’est plus une corvée qu’autre chose pour la jeune femme qui le fait sans se plaindre, néanmoins. Ce n’est pas comme si ça lui arrivait tous les soirs mais appelez la paranoïaque, le soir, elle ne se sent jamais trop rassurée. Après tout, comme la surnomme son demi-frère Cato, Lydia c’est une jolie princesse. Le genre de filles toujours bien habillée qui a peur des araignées, qui n’aime pas se salir. Alors forcément, le noir la met mal à l’aise, lui donne envie de regarder par son épaule pour être sûre qu’on ne la suit pas. Elle glisse la clé dans les différentes serrures de la porte en verre et tourne deux fois sur sa gauche avant de tester la poignée et de partir, les mains enfouies dans son manteau blanc. C’est une soirée fraîche et Lydia frissonne au changement de température. Les voitures conduisent avec leurs phares allumés et d’ici, elle peut entendre les bruits qui viennent de Manhattan. Elle voit les lumières de la cité au loin mais cette grande marmite humaine ne l’a jamais attirée. Elle se sent mieux ici à Staten Island, près de la mer, à entendre les vagues s’agiter la nuit. Le soir est déjà sombre alors qu’elle marche d’un pas ferme et élégant dans les arcades de la cité. Il n’y a pas beaucoup d’étoiles de sortie mais Lydia croit apercevoir la lune. Elle apprécie de respirer un peu l’air frais avant de rentrer chez elle. Enfin, ce n’est pas là qu’elle se dirige mais le sentiment est proche – un autre endroit où elle se sent bien, à sa place. Il est bientôt l’heure de manger alors elle s’arrête à une petite supérette pour acheter quelques légumes, du poulet et quelques épices qu’elle n’est pas sûre de trouver chez son petit-ami. C’est bien chez Asher qu’elle se rend, chez cet homme qui apporte un sentiment de paix, un goût sucré de pâte de fruit, un endroit où se rendre le soir après une longue journée de travail. Elle aime ce qu’elle fait mais elle aime surtout finir sa journée pour retrouver Asher, pour être dans ses bras et passer la soirée au calme, devant un film ou elle, la tête sur ses genoux, un livre pour chacun. Ca peut paraître monotone mais pour Lydia, c’est le bonheur. Sa vie n’est nullement extravagante et ça lui convient parfaitement. Elle paie rapidement ses achats avant de reprendre sa route. Une demi-heure plus tard, elle sonne chez lui. Cela fait trois ans qu'ils sont ensemble et elle n’a toujours pas la clé mais Lydia n’a jamais ressenti le besoin de la lui demander. Elle habite dans le même quartier et elle aime son chez soi. Elle laisse quelques affaires chez Asher mais leur relation posée et réfléchie est ce qu’elle aime. Beaucoup la critiquent mais beaucoup de couple qu’elle connait au bout de trois ans sont passés par les cases mariage, enfants, divorce. Lydia essaie de ne pas juger – elle juge complètement. Quand la porte s’ouvre enfin, la brune sourit et passe une main autour du cou de son petit-ami, l’autre tenant toujours son sac de course. Elle l’embrasse tendrement, reste dans ses bras des dizaines de secondes jusqu’à ce que sa chaleur soit la sienne et qu’elle se sente enfin chez elle. « Bonsoir toi. Tu vas bien ? » Elle lève son sac de course. « J’avais envie de cuisiner pour toi ce soir. Poulet terryaki, ça te dit ? La recette de ma mère. » demande-t-elle en se laissant rentrer. Elle retire son écharpe et son manteau et les pend sur le porte-manteau – ce n’est peut-être pas chez elle mais elle n’en reste pas moins habituée. Puis Lydia retourne près d’Asher, passe ses bras autour de son cou dans une véritable étreinte. « Tu m’as manqué aujourd’hui. » murmure-t-elle contre son épaule, tout juste assez grande avec ses talons pour arriver à leur hauteur.