la bohème, la bohème, ça voulait dire
on est heureux... — crédits@tumblr.

ringo c'est l’imbattable, l’invincible, l'indomptable.
ça se blesse comment les gars qui n'ont plus peur de s'écorcher les doigts ? On leur dit quoi à ses garçons-là ? tue-toi ?
mais c'est qu'il s'en fou ringo. plus rien ne le blesse, plus rien ne le touche. alors on ne dit plus rien...
si c'est de lui dont il s'agit, tout va.
(peut être parce qu'on a un peu peur et qu'on se dit que les gars comme ça, ça n'a plus rien à perdre...faut voir la gueule qu'il tire lorsqu'on l'insulte de bâtard: son sourire est si grand qu'il éblouit.)
il est beau pourtant...il un petit goût de bohème contre la peau.
il est trop libre en fait, ringo.
trop libre pour ceux qui s'inquiètent encore de tout.
alors on lui invente un tas d'histoires, des trucs moche pour la plupart:
ringo il a battu dix garçons du lycée voisin, même qu'il frappe sa copine lorsque ça ne va pas bien, puis c'est un bâtard de gitan ringo, ces gens-là n'offrent jamais rien de beaux!

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oh...ça lui plairait bien à ringo de demander à sa mamà de se taire. serrer ses épaules en caoutchouc et la secouer si fort que son cerveau va se mettre à rouler au moins trois fois.
la serrer contre son torse
et...
gueuler à en éveiller tout le quartier.
puis la lune aussi tant qu'on y est.
réveille toi mamà!
sauf qu'elle ne s'éveille pas, elle s'excuse encore et encore, même après dix huit ans.
elle pleure en se prenant elle même dans ses bras.
même ringo ne connait pas l'histoire.
les anciens disent qu'elle a dansé dans l'herbe avec un gadjo venu d'ailleurs. qu'elle c'est "laissé prendre" qu'ils soufflent, par ce qu'elle n'avait jamais connu: un garçon sans gitan, sans guitare et sans cigarillons...amerloque, probablement. c'est qu'il n'écoute plus les vieux, ringo, ça l'importe peu.
lui ce qu'il veut c'est embrasser son front, puis sa joue, puis son épaule comme elle le faisait elle-même autrefois. recoiffer son chignon délavé et murmurer un tas de mots doux en lui caressant la joue,
ne t'excuses plus, ne t'excuses pas, t'as rien de mal. que du bien, regarde, je suis beau et je suis là, moi, je suis là...je suis là.
sauf qu'il n'a pas assez de courage pour ça. alors il se tait.
il a déjà appris à accepter qu'on ne peut pas tout sauver.

et sa mamà...
ça ne se sauve pas.

HIJO DE LA LUNA.

alors, ringo a tout lâcher. tout, tout, tout. ses inquiétudes, son envie de reconnaissance, ce pape qui ne le regarde même pas. s'il n'a jamais été gitan de kuentzler, alors, ringo sera l'hijo de la luna, celle qui brille et qui le berce lorsqu'il se sauve la nuit.

ringo vit en amont de la famille: ni trop près, ni trop loin, juste assez pour se faire oublier.
et à présent, même le pape oublie parfois qu'il possède un fils qui ne lui ressemble pas.
et...
on se souvient de lui lorsqu'il joue et rit trop fort. lorsque ringo se balade pied nus la nuit et qu'il plonge tout habillé dans l'eau. qu'il embrasse, qu'il caresse et qu'il mordille du bout des dents.
qu'il construit une pyramide de bouteilles à côté de la niche du chien.
lorsqu'il oublie ses cours pour recouvrir entièrement les murs de sa "maison" de gribouillis.
alors on se dit qu'il est beau ringo.
qu'il a tout compris, lui.

et un jour, comme son père (le vrai) il s'enfuira très loin d'ici. il laissera le monde entier derrière lui.
sa mamà, le pape, les anciens et même le lycée.