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 throw 'em back till i lose count. (roman)

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Marnie Delhow.
Marnie Delhow

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MessageSujet: throw 'em back till i lose count. (roman)   throw 'em back till i lose count. (roman) EmptyLun 22 Déc - 21:13

KEEP MY GLASS FULL UNTIL MORNING LIGHT, 'CAUSE I'M JUST HOLDING ON FOR TONIGHT.
un soupire. le repas n'en finit pas de s'éterniser, tu n'en finis pas d'agoniser. ta fourchette picore, s'amuse, s'aventure, mais n'atteint pas ta bouche. comment le pourrais-tu? tu titubes devant leur complicité, trébuches face à leurs sourires. tes lèvres ne s'écartent pour aucun son, car nulle intonation ne trouve ta grâce dans cet instant de disgrâce. et qu'on s'émerveille, admire, s'enivre, inspire, s'instruit de leur bonheur. la douleur a un goût amer, mélangée à cette bile qui te menace à chaque seconde. tout va bien mon ange? tu es bien pâle. ils te font le déshonneur de subir cette effusion, ne peuvent-ils te faire l'honneur d'une agonie silencieuse? tes brefs sourires sont crispés, à la limite de la grimace. ton regard fuit les échanges, se perd dans l'obscurité extérieure. tu n'attends qu'une seule chose, ton évasion. ta fuite, ta fugue, ton aller simple pour dieu sait où. mais loin. n'importe où tant que tu es loin d'ici. la pendule familiale sonne sur les coups de vingt-trois heures. et ton coeur qui se remet faiblement à battre, espoir déchu, posant un regard désespéré sur la porte d'entrée. à peine leur voiture s'éloigne de l'allée que tu enfourches ton véhicule, tremblante, surgissant peu à peu de l'ombre. le rouge te revient sur les joues, ta crinière rousse reprend de sa flamboyance. mais rien ne parvient à adoucir le noir de ton iris. tu fulmines. te consumes, alors que tu files sur la route, peu consciente de l'aiguille qui ne cesse de grimper. tu n'as besoin que d'une chose, à cet instant. et l'adresse, tu la connais par coeur. si bien que tu te transformes en tornade, le bruit de tes talons frappant sans répit le sol, la porte qui se claque d'un geste théâtrale. roman. ces putains de repas, plus jamais. faudra me passer sur le corps la prochaine fois. tu abandonnes tes chaussures dans l'entrée, ton manteau dans le couloir, ton écharpe dans la cuisine. tu bouillonnes littéralement d'une telle injustice, fais les cent pas, pas même consciente de savoir si tu es écoutée, si tu déranges, ou si t'es désirée. rien à foutre. et l'autre tâche qui sourit comme une demeurée. c'est quoi son problème? paralysie faciale? tes mains s'agitent, ta voix monte alors que tu te laisses tomber dans le canapé. marmonnant perpétuellement dans ta barbe injures et autres incohérences. me faut un remontant. t'as quelque chose sous la main? au fait, bonsoir roman, tu vas bien? j'suis contente de te voir, ça te dérange pas si j'entre, met le bordel et vide tes bouteilles?
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Roman Lowe.
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MessageSujet: Re: throw 'em back till i lose count. (roman)   throw 'em back till i lose count. (roman) EmptyMar 23 Déc - 17:22

WHY OVERTHINK WHEN YOU CAN OVERDRINK
Roman arrête. Roman fais ci, Roman fais ça. Roman respire, rien qu'une seule fois. Roman perdu, Roman éperdu, Roman terrassé, Roman pantin particulièrement désuet. Royal aliéné, au talent gâché. Attitude diva, attitude détestée. Roman n'a plus rien composé depuis plus de deux ans. On le dit, on l'écrit, on le fait savoir au monde entier. « Tu ne devrais pas lire ce torchon » - ah, bon ? « Alors pourquoi tu l'as acheté ? » il crache ces paroles, un regard qui se voudrait fusil à pompe, braqué sur son petit frère, qui le fixe, les bras ballants, il attend quoi ? Qu'un miracle ait lieu et que ce débile grandiloquent cesse de se détruire ? Eh, bien, mauvaise pioche, Roman le pense. Il traîne encore là, dans son peignoir offert par celle dont on ne doit plus prononcer le nom. Lowe n'est plus qu'un légumineux, incapable de tremper en dehors du canapé. Merveilleux. Il attend juste le bon moment, pour se retourner la tête, attendre que les bulles l'atteignent, là, dans son cerveau obsolète, là, là où plus rien de génial n’apparaît. Il inspire, s'allume une cigarette, qu'il amène à ses lèvres. Tout dans sa posture invite son parasite de frangin à aller se faire foutre, cordialement. «  Va faire la fête avec ta bande de lopettes et laisse-moi crever tranquille » - il soupire, passe une main sur son visage, le reflet qu'il croise en traversant le couloir le dégoûte et ce n'est rien, rien comparé à ce que ses actions l'amènent à penser de lui-même. S'il avait pris l'habitude de péter plus haut que son cul, Roman, il s'arme désespérément d'humilité. Pas suffisamment, aux yeux de ces journalistes incompétents qui lui crachent prestement à la figure. Il rit, claquant la porte de sa piaule, il ne sortira de là que lorsqu'il sera sûr que son frère aura foutu le camp. Ce qui arrive exactement quinze minutes et soixante putains de treize secondes plus tard. Parce qu'il compte, il compte chaque seconde, chiche, conscient que le temps se tire et qu'il le nargue inlassablement. Comme ces visages qu'il croise lorsqu'il salue l'asphalte du bitume. Il en a marre et ce ne sont pas les idées morbides qui manquent. Elles, elles se font récurrentes si bien que chaque objet dans cette maudite baraque a son tranchant. Les rideaux sont tirés, il sombre, là ,là. Juste avant que le soleil largue le trône à sa parfaite Némésis. C'est alors qu'il pense que le monde  n'est composé que de lèches bottes hypocrites qui encensent un jour et descendent le lendemain. Il est accroupi derrière le plan de travail de sa cuisine – où il ne cuisine pour ainsi dire jamais – lorsqu'il entend la porte d'entrée à nouveau. Il s'apprête à houspiller son frérot mais, c'est la mélodieuse voix de Marnie qui retentit. Il souffle, à la recherche active d'une bouteille de vin – pas son alcool préféré mais, il semblerait qu'il soit complètement en rupture de stock. Il répond à peine à son amie, persuadé qu'elle finira par se calmer toute seule ou que :  - houra !-  la bouteille de château Marmont ( 8221 Sunset Bvld ) le fera à sa place. « J'ai du vin, Marnie, hou-la, très en beauté ce soir » il se lève, contourne le plan, vient déposer un baiser sur sa tempe : «  et quelques pilules de xanax si l'envie te prend » - il a le sourire bienveillant, bien rare ces derniers, tout à elle dédié. «  j'imagine que le seul moyen de lui arracher ce sourire des lèvres serait que tu lui baises bien la gueule ». Bravo, Roman – tout en finesse.
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