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 le fantôme. (bonnie&clyde)

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Clyde Ocean.
Clyde Ocean

Pseudo : a.
Célébrité : johnson.
Crédits : shiya.
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Âge : twenty-five yo.
Statut : fucked-up & alone.
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MessageSujet: le fantôme. (bonnie&clyde)   le fantôme. (bonnie&clyde) EmptyLun 22 Déc - 17:26

Lentement, avec un soupir stressé au bord des lèvres, Clyde s’assoit sur le banc froid, replaçant sa veste et son fouloir du même mouvement. Ses yeux se glacent sur l’enseigne de la librairie, son cœur s’emballe, battant si fort qu’une boule de nerfs se forme dans son estomac, asséchant sa bouche. Même ses mains deviennent moites, malgré la fraicheur du vent qui lui fouette doucement le visage. Trois ans, mille-quatre-vingt-quinze jours. A-t-elle changée, ou est-elle exactement comme la dernière fois qu’il l’a vu? Est-ce que ses cheveux bruns, aussi doux que la soie, sont toujours aussi longs? Est-ce que ses lèvres sont toujours aussi vermeilles, goûtent-elles toujours le bonheur? Est-ce que ses yeux brillent encore de cette même lumière, ou l’a-t-il fait mourir en partant si brutalement? Voudra-t-elle simplement le regarder, lui parler? Il prend une grande inspiration, forçant la tempête de son esprit à se taire, avant de descendre lentement les yeux vers l’intérieur de la boutique. Elle n’est pas là, pourquoi n’est-elle pas là? Il sent une telle déception l’envahir qu’il s’en trouve étourdit. Il se lève, avance et avance, lève la main, et fige avant d’ouvrir la porte. Changeant d’idée, il tourne les talons et retourne près du banc, où il refuse pourtant de s’asseoir. Clyde, dans toute sa vie, a rarement été incertain de quelque chose, a rarement sentit les effets d’un mauvais stress lui tordre les entrailles, Clyde, il est prit au dépourvu. Fuck, qu’il lâche avant de passer une main rapide, nerveuse, dans ses cheveux déjà en bataille. C’est à ce moment qu’il entend la sonnette de la boutique retentir, et il tombe presque sur le banc en levant les yeux, troublé, effrayé. Mais ce n’est pas sa Bonnie, la cliente ne tourne même pas un regard dans sa direction. Elle souhaite, toutefois, une bonne soirée à la libraire, puisque son chiffre termine dans quelques minutes. Rapidement, presque maladroitement, il repousse son manteau pour regarder l’heure sur sa montre. En voyant qu’il est effectivement près de la fermeture, Clyde devient courageux. Il vide sa tête, il vide son corps, de toute émotion. Probablement plus pâle qu’à l’habitude, il refuse toutefois de se laisser envahir par la moindre émotion, alors qu’il se lève de nouveau, alors qu’il avance de nouveau. Cette fois-ci, il ose poser la main sur la poignée, et pousse lentement la porte de la librairie. Il expire, et entre. Il ne la voit toujours pas, mais il peut presque la sentir, il sait qu’elle est là. Clyde, il devient courageux, car il tourne la petite pancarte annonçant que la boutique est maintenant fermée, Clyde, il barre même la porte. Clyde, il devient courageux, mais il tremble intérieurement. Bonnie? qu’il demande, qu’il lance dans l’endroit silencieux. Il attend alors, ramassant son courage à chaque fois qu’il tente de s’échapper. Bonnie and Clyde, le retour.
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Bonnie Winter.
Bonnie Winter

Pseudo : je ne suis que le vent...
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Crédits : alaska.
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Âge : vingt-quatre années qu'elle voit la vie lui filer entre les doigts.
Statut : empoisonnée d'une violente passion pour le fantôme d'un océan.
Métier/études : libraire au "au fil des pages" feuilletant les vieilles éditions des livres de ces grands.


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MessageSujet: Re: le fantôme. (bonnie&clyde)   le fantôme. (bonnie&clyde) EmptyLun 22 Déc - 20:42

« Pourquoi, dis-moi, tête chérie, es-tu donc venu ici ? Et pourquoi tant d’injonctions ? Vas, sois en sûr, je te veux obéir et faire tout comme tu le demandes. Mais viens plus près de moi : qu’un instant au moins, aux bras l’un de l’autre, nous jouissions de nos tristes sanglots ! »
Ses lèvres, rouges pétales, s’étirèrent dans un sourire gourmand. Le souffle, telle la plus belle des fumées d’Opium, renversa le temps...la voix frémissante encore dans son esprit fit l’écho de ces sanglots, amers et perdus dans les méandres des nuits infinies, qu’elle avait tant versé à ce passage de l’Iliade. Quelques phrases qu’elle chérissait tant, qu’elle se répétait souvent devant le miroir pensant un jour pouvoir le ressortir à un songe éveillé, un fantôme hantant ses souvenirs. Elle n’en avait jamais eu l’occasion. Jamais. Et elle restait chaque soir devant cette glace obscurcie par les ombres, dérobant ses repères, se jouant d’elle, se moquant d’elle. Elle qui souhaitait paraître plus grande. Plus forte. Plus belle. Elle qui souhaitait s’ « hyperboliser ». « L’Iliade, madame, n’est-ce pas ? Je cours vous chercher ce petit bijou » Bonnie et ses sourires, qu’elle envoie comme des bouquets de fleurs en veux-tu en voilà. Bonnie et ses petits pas aux chausses usées par le temps. Bonnie et son pull grisâtre qu’elle avait dérobé à son frère, parce que la douce ne portait que des jupes ou des robes. Parce que la douce se voulait féminine devant ce même miroir, qui, les soirs, se riait de son reflet si pâle, si malade. Parcourant les rangées d’étagères jusqu’à la section « Antiquité grecque », elle déroba le bouquin à son lit aux odeurs de bergamotes qui flottaient comme des effluves de bonne société. Ruisselant même sur son corps tant le parfum y était puisant et violent...tant elle s’en sentait satisfaite. Elle ramena le bouquin à sa nouvelle maitresse (très distinguée par ailleurs) et encaissa la valeur. Cette dernière la remercia et se sauva, avec la grâce d’une grande dame, d’une Audrey Hepburn, lui souhaitant, de son meilleur profil sûrement, une bonne soirée. La cloche tinta. Simplement. La pièce, rêve perdu dans des rues trop modernes pour son architecture, semblait s’éloigner de la jeune nymphe. Oui...le revoilà, ce tourment qui faisait trembler les cordes de ses violons, faisant valser la poussière, telle les plus beaux couples des bals mondains, à la lumière frémissante d’un jour se fanant. Bientôt les pétales de feu s’éteindront.
...
Il semblait que le temps s’était arrêté, une nouvelle fois, faisant divaguer Bonnie, la perdant dans les abîmes si familiers d’une mélancolie propriétaire de son âme dérobée. La pancarte grinça. Encore. Les paupières lourdes d’une fatigue anormale papillonnèrent, les cils charbonneux caressant le vide avec une vitesse presque machinale. Elle semblait effacer, par cette unique preuve d’existence, un souvenir malheureux, une chanson trop entendue. Nauséeuse surement. Ô mais qui pouvait véritablement voir à travers le regard indifférent, volage, nerveux et lascif à la fois de cette Bonnie ? Personne ne transperçait les iris, écumes de forêts lointaines, de cette biche...cette sauvage domptée et indomptée à la fois. Elle rôdait dans une cage, féline blessée, suivant un instinct bien désolant, misérable, laissant l’épée de Damoclès lui trancher la gorge. Elle s’affaissait alors, la bête, l’animal, et se laissait mourir si bien que l’euphorie de tuer n’en était que réduit à néant. Non. Elle ne se battra pas pour ce souffle qu’on caressait entre nos mains, non. Elle préfèrera le doux supplice qu’est la lâcheté à la gloire et la fierté d’un combat.
Les fleurs, pensées, marguerites, roses, œillets et chrysanthèmes, disposées dans ce lieu rappelaient vaguement une tombe. Tombe des mots oubliés, tombe des mots de ces Grands, comme elle les appelait ces littéraires, maudits par la fatalité pour certains, jouets des dieux cruels et vaniteux, adorés et adulés par des ignorants, couronnés de laurier pour d’autres. Et elle s’y sentait bien là. Bien et mal à la fois, car tout ce silence, ô ce sombre silence lui transperçait le corps. Et elle tombait Bonnie, elle tombait dans un ravin sans rien pour se rattraper, n’osant même pas hurler de peur de déranger. Sa main s’éveilla, parcourant son comptoir tirant sur un tiroir et fouillant l’intérieur nerveusement. La pulpe de ses doigts embrassa des paperasses, des billes, des bonbons qu’elle offrait aux enfants qui venaient lire dans son antre, puis ils agrippèrent l’objet qu’elle connaissait par cœur désormais. Elle mentait. Elle avait de quoi se rattraper. Elle virevolta, comme une somnambule euphorique, un sourire faussement épanoui sur ses lèvres, et entra dans son refuge précieux. Là où des trésors s’amassaient depuis bien cinq années. Des albums photos, des bijoux perdus, s’échouant sur le sable de son île au trésor, des stylos de toutes les couleurs, du fil pour recoudre les vieux livres qu’on venait déposer chez elle, docteur des bouquins. Et puis sa théière. L’épouse, que le garçon manqué qu’elle était parfois, rejoignait après une journée de boulot. Elle fit chauffer l’eau et se prépara son thé : earl grey. Ce n’était pas tellement le goût qui l’avait, la première fois, envouté, mais la manière dont le jupon blanc du lait s’élevait à la surface. Elle se rappelle encore de ce jour-ci où le serveur, de sa main gantée, lui avait montré, le torse bombé, le tour de magie. Elle se souvient encore de ses yeux décryptant toute la sensualité de ce voile lacté embrassant le liquide ambré. C’était comme assister à un moment intime et précieux entre deux amants...comme lire les lettres des épouses de ces soldats partis à la guerre. Et à chaque fois, elle en frissonnait, même encore aujourd’hui.
La cloche tinta. Avec frivolité cette fois-ci. Les boucles de couleur ébène, ces plumes de corbeaux qu’elle souhaitait échanger contre une cascade d’or, frôlèrent son épaule dévoilant son visage lunaire. Elle entendit le plancher craquer sous des pas. Doux Jésus de Nazareth pensa-t-elle, la délectation colorée du soir devrait attendre un peu. Que penserait le client s’il la voyait avaler toutes ces gourmandises pharmaceutiques ? Un peu de tenue...elle entendait encore la voix criarde et peu distinguée de sa mère qui lui éclaboussait le visage quand elle revenait, les genoux encore et toujours écorchés. Tu es une fille tout de même ! Ton frère peut se permettre ces sottises là, mais une fille ne va pas courir après les chats ! elle ne grimpe pas non plus sur les arbres ! oh avant elle se vexait bien pour ces paroles injustes, mais à présent elle s’en amusait, oui, pensa-t-elle de nouveau, un peu de tenue. Bonnie? La voix effleura sa joue, s’infiltrant dans sa chair, salissant sa peau, liquidant son cœur. Le coin moisi de son esprit envolé laissa une pourriture horrible et malsaine lui échapper, une plume, une seule dérangeant sa raison. Et dans l’énorme toile d’araignée, et dans cette envolée de chauve-souris, elle crut entendre sa voix, son ton. Son corps se raidit et son cœur sembla s’effondrer dans le gouffre infernal qu’était son être gelé par les flocons de solitude. Non...elle devait halluciner, c’était ses crises d’angoisse qui revenaient. Surement. Oui surement. Il lui suffirait de prendre les médicaments et tout passera. Oui. Tout. Elle oubliera tout. L’eau du Léthé, elle le savait, était si douce et si bienveillante...ruisseau de lithium. Attrapant sa tasse en porcelaine et son tube de pilules, elle quitta l’arrière-boutique avec l’empressement psychotique qui parcourait son échine lorsqu’elle se sentait partir.
...
Un fracas. Une explosion écumant le plancher. La porcelaine tranchant le bois et ses souliers, le liquide étalant sa mousseline qu’elle appréciait si particulièrement d’habitude. Et cette harmonie chaotique viola les couleurs de ses gourmandises qu’elle avait tant chérit. Le tout semblait être l’invraisemblable pièce de théâtre de démons. Deux démons. L’un arraché à sa rêverie quotidienne. L’autre. Ô l’autre...son cœur palpitait, oui, elle se sentait partir. Son souffle s’enchainait encore et encore. Un peu de tenue. Un peu de tenue. Un peu de tenue. Elle n’en avait plus quand elle se jeta, avec ses éternels genoux écorchés, sur le sol, ses mains, terriblement tremblantes, tentant de récupérer ses médicaments. Elle hallucinait. Oui. Alors pourquoi l’amertume logée dans sa gorge était si violente ? Alors pourquoi sa vue se brouillait sous les larmes qu’elle ne sentait même plus ruisseler sur ses joues ? Alors pourquoi cette panique qui la secouait de tout son être ? Pourquoi était-elle aussi pathétique à ses pieds, à lui...ce beau diable. Le bohème. Le gitant. L’infâme qui l’avait salit de ses mains artistes...le maudit. Pourquoi ? Elle souhaitait en finir. Finir avec ces bouts de porcelaine mordant sa chair si tendre et froide. Finir avec ce thé bousillant sa jupe de coton et les manches de laine grise qui devaient être sur les poignets de son frère. Finir avec ça. Non, ses précieuses étaient irrécupérables...elles s’étaient dissout formant des tâches arc-en-ciel sur le plancher surement abimé. Elle était fatiguée. Elle voulait juste s’endormir, là, ainsi et attendre que ses tremblements passent. Elle essuya les larmes chatouillant ses pommettes. La jolie Bonnie ne voulait pas être la seule à se mourir. La jolie et ridicule Bonnie cherchait encore un peu de dignité. Parce qu’elle n’avait plus de somnifères pour la nuit, alors il faudrait encore veiller, encore se battre avec son propre reflet dans le miroir. Encore se réciter les mêmes vers. Pourquoi, dis-moi, tête chérie, es-tu donc venu ici ? Et pourquoi tant d’injonctions ? Vas, sois en sûr, je te veux obéir et faire tout comme tu le demandes. Mais viens plus près de moi : qu’un instant au moins, aux bras l’un de l’autre, nous jouissions de nos tristes sanglots ! Ses paupières veineuses se fermèrent délicatement, doucement pour ne plus se brusquer, ne plus se faire peur. La manche de son pull absorbant encore une dernière fois ces larmes de panique, étalant sur sa joue un peu de thé. « Tu n’es pas réel. Tu n’es qu’un fantôme. » finit-elle par souffler. Parce que c’était son seul salut à présent, qu’il dise oui et s’évapore.
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Clyde Ocean.
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MessageSujet: Re: le fantôme. (bonnie&clyde)   le fantôme. (bonnie&clyde) EmptyMar 23 Déc - 18:54

Comme dans un film, la scène se passe au ralentit, plus aucun son ne se laisse découvrir. Clyde, il ne voit qu’elle, qui, terriblement lentement, tourne le coin d’une rangée. Le moment gèle, alors qu’elle pose les yeux sur lui, alors qu’il pose les siens sur elle. Un instant glacé dans l’espace temps, juste un instant, toutefois, avant que le son ne l’agresse brusquement. Elle a échappé sa tasse, sa belle tasse qui a explosé par terre comme si elle n’est rien. Bonnie, elle tombe, parce que le verre s’est brisé, ou parce que ses jambes ne la tiennent plus? Lui, il reste là, figé, incapable de s’avancer, alors qu’il veut tellement, tellement se rapprocher d’elle. Il reste là, immobile comme une statue, comme un rêve, une hallucination, jusqu’à ce que sa plus belle ne le ramène sur terre. Tu n’es pas réel. Tu n’es qu’un fantôme, qu’elle échappe de sa voix de soie. Là, c’est l’électrochoc qui lui traverse toute la colonne vertébrale. Sa voix, sa magnifique voix. Comme elle lui a manqué. En même temps, c’est tout ce que ça lui prend. Lentement, comme si lui aussi, ne pouvait croire qu’elle est devant lui, il se penche, les mains faibles, tremblantes. Pourtant, il attrape celles de Bonnie dans les siennes, et son cœur se serre tellement qu’il grimace légèrement de douleur. Trois ans, qu’il n’a pas posé les yeux sur elle, trois ans, qu’il n’a pas posé les mains sur elle, trois ans qu’il l’a lâchement abandonné, et pourtant, malgré tout, il ressent exactement la même chose pour elle. Vraiment? Je suis là, Bonnie, aussi réel que toi, qu’il murmure en essayant de nettoyer les mains frêles. Il y a un peu de thé sur lui aussi, maintenant, mais il est content de voir qu’elle n’a pas eu le temps de se blesser. Il lève une main, comme s’il veut lui toucher le visage, comme s’il veut mettre une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Comme s’il n’était jamais partit. Toutefois, tout est différent, maintenant, il ne sait même pas si c’est toujours la même Bonnie, sa Bonnie. Elle se ressemble tellement et en même temps… quelque chose semble différent. N’est-ce pas normal? N’a-t-il pas changé, lui, depuis le temps? Je suis désolé, pour ton thé, qu’il ajoute alors, d’une voix un peu trop rauque. On s’en fout, du thé, non? Ce n’est rien, comparé à ce qui se passe en ce moment. Rien, comparé au raz de marée qui se prépare, qui s’en vient, après tant d’absence. Le thé, il est toujours là. Clyde, il ne l’est plus jamais, mais il revient du jour au lendemain. Elle a sûrement entendue parler de la mort de son frère, peut-être que sa sœur lui a dit, si elle lui parle encore. Clyde, il ne sait pas trop ce qui s’est passé depuis son départ, il est un peu dans la brume. Il sait que Asher n’est plus avec sa sœur, il sait que Bonnie semble différente, il sait que lui, il n’est plus le même. Il ne sait pas trop quoi faire, comme réagir, quoi dire, où se mettre. Il n’ose pas, cependant, lâcher les mains de Bonnie. Tant qu’elle lui permet, il va garder contact, c’est tout juste s’il ne sent pas son cœur se recoller un peu, juste par ce petit geste. Lui aussi, il a eu le cœur brisé en partant. Lui aussi, il s’est torturé des nuits et des nuits entières, à savoir s’il avait prit la bonne décision, s’il n’avait pas agit comme un con. Lui aussi, il ne comprend pas, il ne comprend rien. Lui aussi, lui non plus. Il sait, cependant, qu’il n’a pas le droit de penser à des lui aussi, alors que c’est de sa faute, complètement. Il a pris peur, il s’est enfuie, au lieu d’affronter Asher, au lieu de comprendre et de réparer tout ça. Il est partit, comme un lâche. Alors ses yeux, il n’ose pas les poser sur Bonnie, il fixe leurs mains un instant entrelacées, le temps reculé de quelques années. Quand tout était bon, bien, frais et vivant. Elle a toujours mérité mieux que lui, et trois ans plus tôt, il lui avait prouvé. Alors pourquoi est-il de retour, devant elle, à peut-être la faire souffrir encore? N’est-ce pas cruel, égoïste? Et pourtant, il ne veut aller nulle part ailleurs. Il souhaite presque qu’elle pleure, juste pour lui montrer qu’elle a encore quelque chose, quelque part, pour lui. Imbécile amant, imbécile heureux. Il ne doit pas souhaiter sa douleur, plutôt son indifférence, la preuve qu’elle a passé à autre chose, à quelqu’un d’autre. Attendre de voir, attendre et c’est tout.
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Bonnie Winter.
Bonnie Winter

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MessageSujet: Re: le fantôme. (bonnie&clyde)   le fantôme. (bonnie&clyde) EmptyMar 23 Déc - 21:22

Respires . Ses paupières closes frémissaient encore, hésitantes, fuyant les tâches de lumières, étoiles de l’obscurité de son être, scintillant sur un tableau peint de noir. Respires un peu . Avec la prudence d’une sauvage chassée par des ennemis incertains, elle souffla avec la même lenteur, la même lassitude qu’une névrosée. Pourtant elle n’avait mal nulle part la pauvre enfant, l’hystérique enfant, nulle part si ce n’était à cette plaie béante, saignant encore des larmes de détresse, logée comme une flèche d’Eros en son cœur. C’était cette horrible morsure empoisonnant le vin de ses veines violettes, tranchant la pâleur de ses poignées, qui la secouait de tout son corps. Cette fragilité naturelle, presque involontaire, cette douce fragilité sous des paillettes de confiance. Oh elle n’en avait plus depuis longtemps de cette confiance. Elle avait été dévorée petit à petit, par la gourmandise des autres, comme un gâteau dont tout le monde se servait une part. Cela avait dut être succulent de la voir se faner chaque jour un peu plus, d’hésiter longuement sur des choix qui n’étaient en rien compliqués. D’hésiter à présent. Entre quitter en courant cette pièce, ou rester là, à genoux sentant le liquide tiède chatouiller ses cuisses et colorer ses vêtements. Le noir. Encore et toujours le même vide rongeant son âme. Enfant elle voyait en elle des champs en fleurs où elle pouvait vagabonder avec la plus belle des imprudences naïves, une innocence dont elle en avait la fière amertume aujourd’hui, cette rancœur la dégoutant d’elle-même. Oh pourquoi n’était-elle pas restée candide ? Pourquoi a-t-il fallut qu’elle plonge sa chair dans le sang des damnés...et qu’elle s’en délecte tant. Pourquoi à présent elle ne voyait plus ces champs ? Elle allait se lever, rapidement, prestement comme un chat fuyant les mains des gamins embourbés, mais il l’attrapa par les mains. Par ces mains humides et sucrées par le thé qui y ruisselait comme un torrent desséché. Une deuxième flèche fut tirée...et elle ne savait pas très bien si cette dernière était de ce capricieux Eros ou de la terrible Artémis. Et la douleur était si douce et si bonne qu’elle ne souhaitait pas véritablement en connaître le destinataire. Elle releva ses paupières, lentement, doucement, pour ne pas se brusquer, ne pas se faire peur une nouvelle fois . Il avait dit quelque-chose...des paroles se perdant dans l’écho des éclats de porcelaine retentissant encore en sa raison. Qu’en avait-elle à faire de ce qu’il disait...tant que son murmure si chaud...si réel, léchait son visage refroidi. Elle s’en mordait l’intérieur de la lèvre, y allant jusqu’au sang pour faire taire le bourdonnement de ses oreilles, le « boum boum » frénétique de son muscle déréglé. Remplacer la douleur actuelle, par une, plus artificielle. Plus « ordinaire ». Chaude et brûlante, le pouls se débattant dans la plaie qu’elle s’était provoquée avec le soulagement d’un suicidaire. Son esprit, tel un oiseau attaché par la patte, se débattait pour fuir sa tête, ce cachot moisi par trois années de refoulement sévère...de crises violentes les soirs où elle se sentait beaucoup trop délaissée. Où son frère, même, son propre frère, fuyait, lâche et dégouté, ses sanglots et ses rires pathétiques. Elle se riait bien de cette jeunesse frivole. De ces temps où elle prenait un malin plaisir à se moquer de son brave père pasteur qui n’avait pas vécu comme elle, ô elle, elle vivait. Posant comme une starlette déchue des grandes routes désertes d’Amérique, pour le dessinateur. Lui...celui qui de par ses traits fins et voluptueux rendait le monde si beau. Si léger. Quand il riait. Lui. Ô la vie paraissait si mielleuse, si facile. Il semblait qu’il était facile de respirer. Mais au fond, qui de son père ou d’elle avait le plus vécut à présent ? Ses iris captèrent la vive couleur du foulard, puis sa veste plus sage, et tel un serpent se mouvant avec la plus grande des prudences, elle osa relever les yeux jusqu’à croiser son visage. Sa barbe de trois jours, ou mal rasée, qu’en savait-elle des affaires des hommes, ses lèvres...ô ces courbes roses qu’elle avait tant dévoré par le passé...car bonnie quand elle aimait, elle ne savourait pas, elle était un peu maladroite, un peu brusque, un peu ridicule...mais ça faisait rire. Ca attendrissait les cœurs de savoir qu’un petit bout de femme pouvait materner en son sein une telle tempête, un éclair de cette vigueur. Puis elle suivait avec des mains imaginaires la carte, la peinture familière et lointaine de ce même visage. Des traits fins, presque enfantins, son Peter Pan à elle...et puis ses yeux...des yeux qu’elle évitait encore de regarder, même adulte. Parce qu’elle avait peur de toute cette fièvre agitant ces iris océans, ou ciel infini. Parce qu’elle était intimidée encore aujourd’hui en femme pourtant quelque peu indépendante d’après le point de vue de la société. Parce que Dieu seul pouvait savoir ce qu’il se passerait si seulement elle se laissait avaler par l’immortalité de ces nuances colorées. Des tons détachés de l’unité bleutée, un peu gris, un peu verts quelque fois, des tons qu’elle connaissait un peu par cœur, grâce à ces petits moments de bravoure lors de son enfance. Mais jamais ne les connaissait-elle véritablement. Et aujourd’hui encore moins qu’hier. Il parla une nouvelle fois...ô qu’il se taise, l’enfant. Le lâche. Le bohème. Le vagabond. L’humain. Celui qui avait quitté la Perséphone qu’elle était dans les enfers de ses idées noires. Il devait tellement se délecter de ces souvenirs qu’il cueillit comme les plus belles roses, tandis qu’elle, elle ne récoltait que la pomme du jardin d’Eden. Qu’il avait changé...en l’espace de trois ans...trois ans seulement...il n’était plus son Clyde. Celui de son adolescence. Il était un autre. Autre. Clyde ? Sa voix se brisa...commença avec cette intonation fébrile, puis quelque-chose dérapa...et elle finit par susurrer son nom. Oh elle se devait bien de demander...peut-être se moquait-on d’elle...peut-être...oui...peut-être tout cela n’était qu’une farce. Peut-être. Oh non. Peut-être qu’une autre rentrera dans la boutique, et le monsieur aura une madame avec qui se pavaner. Elle se souvint brusquement, avec la violence d’un tonnerre durant les dernières pluies d’été. Brusquement qu’il était partit. Avant cette certitude n’était qu’un songe, quelque-chose qu’elle n’avait pas assimilé, ou qu’elle se refuser d’assimiler avec toutes ces cochonneries qu’elle avalait à toute heure de la journée. Elle se gavait, l’oie, de petites pilules multicolores plus parce que c’était joli à voir qu’autre chose...et c’était devenu une routine quotidienne. Il arrive parfois qu’un habitus devienne mécanique...et Bonnie n’était que l’automate. Jamais ne s’était-elle posé la question qui aurait peut-être bouleversé sa vie. Jamais un seul « pourquoi m’a-t-il quitté ? ». Elle était surement satisfaite de ce vide intense, conquérant obscur de son âme fébrile. Refusant de se torturer un peu. Un petit peu pour savoir. Non...elle était rassasiée d’un mal qui l’éventrait. Et aujourd’hui avait-elle stoppé la mécanique. Aujourd’hui...aujourd’hui l’automate ne marchait plus. Elle avait seulement existé, quand lui avait vécut. tu...je... elle retira ses mains des siennes, brusquement, ayant reçue un électrochoc  horrible...un frisson lui parcourant l’échine, lui soulevant les cheveux. Elle avait peur de lui. Peur de ce qu’il pouvait faire. Et au fond, peut-être avait-elle toujours eut peur de lui. Fuyant son regard, le préférant à la lumière du jour qu’à l’ombre des arbres...elle recula quelque-peu. Outrée ou stupéfaite de la vitesse à laquelle elle s’était meut, elle ne sait pas. Ne savait plus. Pendant un moment croyait-elle qu’elle allait lui sauter au cou, mais quoi ? Était-ce ce qu’elle se devait de faire ? Pensait-elle que tout pouvait recommencer comme avant ? Comme si de rien était. Naïve ! Mais il ne lui avait même pas dit que tout était fini ! Non la belle a dut le deviner toute seule. Quelque-chose craqua sous sa paume...une chose froide...était-ce son cœur qu’elle écrasait...elle aurait bien aimé. Pour ne plus sentir ce sentiment étrange et nostalgique. Cette émotion puissante. Non. Ce n’était qu’un bout de porcelaine faisant, elle le sentait, couler son sang si brûlant. Je ne veux pas de tes explications Clyde...souffla-t-elle l’impétueuse, la cruelle pensée. Celle bestiale qui se levait les nuits et brisait les miroirs. Celle animale qui ouvrait la boite de Pandore et finissait, le lendemain, une cigarette consumée entre les doigts maladroits. Asher doit m’attendre. Mensonge. Son frère ne l’attendait plus depuis des années...c’était elle qui l’attendait les soirs, une télécommande entre les mains, un esprit partit trop loin. Mais il fallait qu’elle sorte d’ici avant que sa main quelque-peu ensanglantée ne se glisse avec fureur et passion dans ses cheveux en bataille ou claque avec désespoir, et surement amour, contre sa joue mordue par ce terrible froid.
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MessageSujet: Re: le fantôme. (bonnie&clyde)   le fantôme. (bonnie&clyde) EmptyMer 31 Déc - 16:10

C’est long, c’est dur, avant que Bonnie ne réagisse, avant que Bonnie ne réalise. Elle parle, très peu, elle laisse des syllabes sortir sans jamais les compléter, sans jamais le regarder. Bonnie, elle est probablement sous le choc, et bordel ce que Clyde comprend. Son propre palpitant s’énerve tellement qu’il a l’impression qu’il peut le vomir d’une seconde à l’autre. Mais Bonnie, elle le lui brise un peu, quand elle retire brutalement ses mains des siennes. Ça le lui brise un peu, son petit cœur défectueux, sauf qu’il ne dit rien, car il le mérite. Il le mérite, non? Il a été le pire enfoiré, il mériterait pire que ça. Je ne veux pas de tes explications Clyde... Voilà, ça, c’était déjà une amélioration. Lui faire comprendre qu’elle n’en a rien à faire, qu’elle n’en a plus rien à faire. Ça brûle un peu derrière ses yeux, alors qu’elle refuse de le regarder. Elle refuse, et il aimerait tellement. Il a pas le droit de la forcer, alors il reste accroupit, même quand elle s’éloigne, même quand le froid gagne son âme. Asher doit m’attendre. Encore une fois, il ne se sent pas bien, comme un troisième couteau qu’on lui plante dans le dos. Asher. Le plus qu’il peut, Clyde tente de ne pas penser à lui, à ce qui s’est passé, quand il est partit. Sans explications, c’est vrai, et tant mieux, d’une certaine façon, que Bonnie n’en veulent pas. Ça lui ferait probablement plus mal qu’autre chose, et elle a eu assez mal. Je ne suis pas venu pour te donner des explications, enfin, pas vraiment, qu’il souffle comme réponse, levant les yeux vers son visage parfait, torturé, perdu. Oh, comme elle ne doit rien comprendre, il revient comme il est partit : brusquement et sans préparatif. Il a longuement hésité, avant de passer la porte, avant de lui faire subir ça. Toutefois, il ne savait pas, ce qui l’aurait blessé le plus. Ne pas venir la voir, alors qu’il est, depuis trois ans, de retour en ville, ou faire ce qu’il vient de faire? Je me suis dit… que peut-être que tu l’aurais mal pris, si j’venais pas t’voir alors que j’étais en ville, qu’il dit, se faisant la remarque que c’était comme ça, la meilleure façon de savoir ce qui serait le mieux. Probablement qu’elle allait lui dire qu’il aurait mieux fait de ne pas venir, puisqu’il débarque comme ça, pas comme rien, comme si tout lui est permis. Il n’a le droit de rien, avec Bonnie, depuis qu’il est partit. Il ne devrait avoir le droit de rien depuis toujours, avec la façon qu’il l’a traité, pendant qu’il était toujours là. Si elle savait tout ce qu’il lui a fait, quand elle avait le dos tourné… Probablement qu’elle lui planterait un bout de porcelaine dans le cœur, là, maintenant. Et en parlant de ça… Il descend à nouveau son regard lorsqu’il aperçoit un flash de rouge, rouge sang. Elle saigne, sa Bonnie, elle s’est coupée. Il se lève, s’avance un peu et s’arrête, les mains dans les airs. Il lève lentement les yeux vers elle. Tu saignes, qu’il remarque lentement, interdit. Elle lui a bien fait comprendre, en arrachant leurs mains, qu’elle ne veut pas qu’il lui touche. Elle lui a fait comprendre, de toute façon, il aurait pu deviner ça par lui-même. Il n’a pas pu s’en empêcher, alors que là, il tente de se retenir. Elle vient de lui dire, qu’elle veut partir, en parlant d’Asher. Mais lui, il ne veut pas qu’elle parte, encore moins pour rejoindre son frère. Son frère. Il doit arrêter de penser à lui, et maintenant. Ça le mélange encore plus, encore aujourd’hui, même après trois ans. Et ça ne devrait pas, ça n’aurait jamais dû. Asher Winter, non, très peu pour lui. Son attention doit aller complètement à Bonnie Winter, celle à qui il a donné son cœur, tant d’années auparavant. Ça aurait toujours dû être qu’elle, toujours. Et pourtant, tout ce qu’il avait réussit, c’est de transformer ce toujours en jamais.
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Bonnie Winter.
Bonnie Winter

Pseudo : je ne suis que le vent...
Célébrité : a.b.f.
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Âge : vingt-quatre années qu'elle voit la vie lui filer entre les doigts.
Statut : empoisonnée d'une violente passion pour le fantôme d'un océan.
Métier/études : libraire au "au fil des pages" feuilletant les vieilles éditions des livres de ces grands.


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MessageSujet: Re: le fantôme. (bonnie&clyde)   le fantôme. (bonnie&clyde) EmptyVen 2 Jan - 19:56

Elle se souvenait de ces rires perdus en un écho frémissant les nuits où ils chevauchaient avec insouciance la vieille voiture de son père, où il lui chuchotait des mots d'amour au creux de l'oreille son souffle chaud et taquin chatouillant sa nuque dévoilée, ces sourires capricieux qu'elle lui lançait seulement éclairée par une lumière artificielle filant sur la route déserte...elle se souvenait de ces étoiles qu'elle comptait, les voyant défiler lentement tandis que tout s'évaporait avec une vitesse vertigineuse autour d'eux. Il roulait avec excès, elle l'aimait avec excès. Avec des papillons caressant son ventre, avec ces étoiles, ces mêmes étoiles vaniteuses, dans les yeux, avec ces regards furtifs qu'elle lui lançait comme si c'était son secret à elle. Ces moments qu'elle captait, ces moments de lui qu'elle se marquait au fer, avec une encre indélébile, une encre de lui. C'était des moments à elle, l'unique à l'avoir vu, là, pensif observant les lignes blanches courir sous le capot. Où elle le voyait partir. Jamais n'a-t-elle tenté de le retenir dans ces moments, de lui dire quelque-chose afin de l'éveiller, de le serrer encore un peu plus, jamais n'a-t-elle voulut en vérité le faire prisonnier de son amour peut-être trop terrifiant pour un simple homme. Et peut-être était-ce son ultime erreur. Peut-être que si ces soirs elle n'avait pas lâché sa main, ces trois années ne lui auraient pas filé des doigts, comme du sable refroidi par le temps...la sotte ! Souvent rêvait-elle de changer le passé, d'intervenir, de réveiller cette jeune bonnie qui pensait que son clyde l'aimait aussi. Du moins assez. Je ne suis pas venu pour te donner des explications, enfin, pas vraiment elle hocha de la tête frénétiquement, ses cheveux naviguant sur ses épaules à un rythme presque idiot. Bien. Bien, il ne pourrait pas modifier ses songes, lui révéler qu'il ne l'aimait pas vraiment, que rien n'aurait put changer à ce qu'il avait fait. Non. La petite bonnie continuera de rêver. De se repasser le même instant encore et encore dans son esprit, comme un vieux disque raillé, comme un bourrage de crâne dont elle était l'auteur et la victime...parfois, même, dans ces souvenirs, la belle bonnie levait les bras vers le ciel, ce ciel nocturne et captivant, et parfois, seulement quelques-fois, clyde lui jetait aussi un regard. Je me suis dit… que peut-être que tu l’aurais mal pris, si j’venais pas t’voir alors que j’étais en ville il n'avait plus l'air de son amant interdit d'autrefois. Plus ce jeune homme à l'esprit beaucoup trop brouillé, beaucoup trop brouillon, prenant ces dessins d'enfants pour une idée fantasque. Pour de l'art. Mais c'est ce qui la charma la première fois, comment le blâmer ? Comment Daphné a-t-elle put fuir Apollon ? Quand il était si sûr de son amour, si déterminé ! bonnie, elle, était tombée pour cette expérimentation de Dieu. Tombée, et elle ne s'était plus relevée depuis. Ses genoux sans cesse écorchés. Ses bras, toiles vierges, marqués de tâches d'encre bleu suave. C'était la même chute chaque soir, la même quand elle rouvrait les souvenirs dérobés au passé, aux cendres d'un lointain qu'elle effleurait de la pulpe d'un doigt, d'une photo abimée, d'un dessin effacé, d'une écriture pressée et maladroite. Elle sentait encore son odeur, cette odeur lui étant si propre, un mélange de fumée, d'alcool, de poussière et Dieu sait de quoi. Un parfum qui embrasait ses sens la ramenant à un bal d'espoirs qu'elle s'était promise d'oublier. Mais comment le faire quand tout était si doux ? Quand elle tournoyait toujours d'une valse un peu trop rapide, inachevée, capricieuse où son cavalier la quittait parfois, la laissant au milieu de cette foule, seule, dansant avec le fantôme qu'elle avait façonnait. Elle l'avait idéalisé, avait idéalisé ses mémoires, ces rires, ces nuits, ce râle mécanique, ces étoiles. Comme à son habitude, elle avait romantisé la chose. Parce que ça rendait les choses plus mielleuses, plus précieuses, quand tout n'était que poussière, que cendres dans la bouche, elle tentait de s'imaginer la naissance d'une fleur. Et bien je suis désolé, je ne voudrais pas être un fardeau. elle détourna son visage, le cachant d'une faible lumière osant embrasser clyde. Elle battit des cils, comme elle avait tant l'habitude de faire. Fuir, fuir les idées noires qui la tiraient vers le fond, vers les abîmes, fléau de son existence morose et livide. Il n'y avait plus de satisfaction quand sa peau se craquelait telle cette porcelaine qu'elle regretterait plus tard, lorsque la présence nuisible et souhaitable s'évaporera. Elle reprendrait cette vie sans sens, sans rien. Sans tout aussi. Une vie où elle respirait, se nourrissait et se lamentait. Pouvait-on seulement appeler ça une vie ! Capitaine d'un destin qu'elle corrompait de jour en jour...qu'elle lâchait pourri et mélancolique espérant qu'il s'envole loin, loin d'elle et de son esprit malade. Non elle ne voulait être un fardeau pour personne, pas même son âme...alors elle se laissait porter par les vagues, froide et frémissante, comme la Lady of Shalott qu'elle était, espérant que peut-être, un jour il croiserait le courant qu'était le sien et qu'il la remontrait. Remontrait peut-être le temps, pour lui susurrer une nouvelle fois à l'oreille, lui rappelant de ralentir un peu de savourer, l'avertir simplement. Mais personne ne la fait. Pas même elle. Il se leva, les paumes en l'air, le soleil s'écrasant sur son dos, l'illuminant d'un halo que bien des fois elle s'était imaginé autours de lui. Or il était réel, ici, s'avançant vers elle...elle aurait aimé se lever, lui dire qu'elle avait tout oublié...qu'elle s'était oublié, qu'elle n'était plus la même. Que la haine rongeait son palpitant, que le vin de ses lèvres étaient son seul remède. Qu'elle s’enivrerait encore, aveuglement...mais elle avait peur. Toujours. Cette biche heurté par la violence de la réalité, s'étant écrasé sur la vitre, l'ayant fissuré sans jamais pouvoir y pénétrer...non elle restait hors de cette réalité, elle restait dans son monde romanesque, mais la nuit tombée les voitures passaient dans le bois...Tu saignes comme tous les soirs souhaitait-elle lui répondre, pour qu'il sache. Il avait le droit de savoir ce qu'il lui avait fait. Brûlant petit à petit ses ailes en y déposant ses belles cigarettes encore dévorées par le feu. Mais elle ramena sa main près de sa poitrine à la place, se recroquevillant davantage. Ce n'était qu'une égratignure, rien de plus, ça ne la faisait même pas mal, pas autant que la lumière, couronne de l'aimée, dévorant ses pupilles. Elle se leva, brusquement, retrouvant l'ombre qu'il avait tant projeté sur elle par le passé, cette couverture de constellations. Je me fiche bien de cela... elle ne voulait pas être rude, être blessante...mais un peu à la fois, une pointe d'amertume enlaçant sa voix si douce et fragile d'habitude. ...je ne ressens rien. s'empressa-t-elle de rajouter avant qu'il ne puisse entrouvrir la bouche. Elle appréciait le silence. Juste le silence. Il était si rare, si précieux. Elle ne souhaitait pas qu'il parle, qu'il s'exprime, elle souhaitait son silence. C'est tout. J'espère que tu as bien vécu...clyde. Je l'espère de tout cœur, sincèrement. elle ne savait pas très bien pourquoi sa gorge se serrait, pourquoi ses yeux lui brûlaient maintenant, alors qu'elle pouvait conclure et partir. Elle ne savait pas pourquoi non plus, elle voulait fuir, courir loin de celui qu'elle avait, sans se le dire totalement, attendue jusqu'à aujourd'hui. J'espère que tu as trouvé tout ce que tu cherchais loin d'ici. J'espère que je trouverai, moi aussi, à mon tour, tout ce que je cherche. un petit sourire nostalgique, aube d'une mélancolie dévorante, colora d'une teinte blafarde son visage lunaire. Je me dois de partir à présent, merci d'être passé, tu n'étais pas obligé, tu le sais bien. Tu l'as toujours sut. elle baissa les yeux, elle aurait aimé pouvoir l'obliger. Lui lancer un sort, un charme, lui faire avaler une potion pour qu'il reste, pour qu'il s'y sente obligé. Les romans prenaient beaucoup trop de place dans sa minuscule tête de sotte, de jolie petite sotte, ils la conjuraient de quitter cette terre, de partir, de s'envoler loin...et d'une part, c'est grâce à cela qu'elle le comprenait, comprenait son action égoïste et démesurément conne. Il étouffait ici, tout comme elle. Mais lui était brave, et elle, elle n'était qu'une fille et les filles sont moins fortes, moins intelligentes, elles se doivent de rester sages et subir car elles s'étaient damnées en croquant dans la pomme. Papa le disait toujours...et elle avait finit par y croire.
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