i'm a man, i'm a twisted fool, my hands are twisted too
i sink through the thing that i once was

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five years earlier
« Dis Bonnie, j'ai besoin de ton aide. Tu préfères laquelle ? La bordeaux ou la noire ? » Debout face à la jeune femme, Elliot montre une à une les chemises qu’il vient de sortir de son dressing. Ce soir, les Baldwin allaient tous se retrouver se retrouver autour de la grande table du salon. Ce soir, les trois frères allaient s’assoir les uns à côté des autres. En face de James se trouverait certainement Laurel, en face de Xavier cette jeune femme adulée par le couple. Elliot, lui, allait probablement se retrouver face à une chaise vide. Chaise qui aurait pu être occupé par Bonnie, dans l’un de ses rêves les plus fous. « La bordeaux. Elle te va beaucoup mieux, et puis la noire te donne un côté sinistre. Après tout ce n'est qu'un dîner en famille,  rien de plus.  » se contente-t-elle de lui répondre, le faisant sortir de ses pensées par la même occasion. Un dîner en famille, rien de plus.  Un sourire sincère étire ses traits et Elliot repose la chemise noire sur le dossier d'une chaise, non loin de Bonnie, avant de se diriger vers une autre pièce. D’ordinaire, il se serait changé devant elle mais, c’était indéniable, les choses entre eux avaient changé depuis le gala organisé par le couple Baldwin dans les Hamptons.  Définitivement. Peut-être que tout s’était mis à changer à l’instant même où Eli lui avait demandé de venir à cette soirée. Parfois, il se demandait si Bonnie le faisait exprès. N’avait-elle pas remarqué qu’il devenait gauche et bafouillant dès qu’elle se rapprochait de lui ? N’avait-elle pas remarqué qu’il ne voulait plus être cet ami, ce frère, à qui elle confiait tout même ces déceptions amoureuses ? Les questions se bousculent dans son esprit, alors qu’il la sait là, dans la pièce voisine. Tant de questions sans réponses. Comment trouver les mots justes pour lui expliquer ce qu’il ressent réellement ? Secouant la tête, Elliot fini par ôter le polo marine qu’il porte avant de revêtir la chemise que Bonnie avait choisie quelques minutes auparavant. Il ne pouvait pas se permettre de penser à cela tout en sachant que ses parents allaient venir pour la première fois chez lui depuis son emménagement. Il ne croyait plus aux simples visites de courtoisie depuis bien longtemps, alors, la venue du couple Baldwin n’annonçait, pour lui, rien d’enthousiasmant. Les choses pourraient être tellement plus simples si Bonnie décidait de rester toute la soirée à ses côtés… Réajustant sa chemise, Elliot finit par rejoindre Bonnie qui s’était allongée sur son lit. Elle souriait, comme à son habitude, tenant dans sa main la paire de lunette qui était posée quelques minutes auparavant sur la table de chevet de l’étudiant. « Je ne t’ai jamais vu les porter. » conclut-elle après un court instant. Ce n’est que lorsqu’elle détaille le jeune homme du regard que Elliot détourne le sien, le cœur serré. C’était tellement frustrant. Les sentiments de Bonnie à son égard n’étaient qu’un point d’interrogation parmi tant d’autres alors qu'il savait les siens bien présents. S’approchant de sa commode, Eli saisit la première cravate noire qui passe sous sa main avant de tenter de la nouer autour de son cou. Ses mains tremblantes ne l’aidant pas à faire impasse sur la prolifération des questions laissées en suspens dans son esprit. « Attend, je vais t’aider. » Là, c’était le coup de grâce et, alors que Bonnie vient de saisir le bout de tissu, son cœur lui dit de l’embrasser. Pourtant, il ne fait rien. Non, il n’allait certainement pas gâcher une si belle amitié. Ses sentiments allaient disparaitre et tout allait s’arranger. Oui, c’était ce qu’il allait se passer. Il le fallait. Elle allait le rendre fou.

you can start over, you can run free
you can find other fish in the sea
you can pretend it's meant to be
but you can't stay away from me

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now
Une poignée de main courtoise et Elliot salue son dernier client de la journée. Ce soir, l’homme allait rentrer plus tôt chez lui. Chez eux. Elle lui manquait terriblement… Il sent déjà les regards inquisiteurs se poser sur lui alors qu’il pense à cela. Les plus aigris songeront certainement qu’il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même, qu'il ne pouvait pas blâmer Jamie alors qu'il faisait la même chose qu'elle. Continuellement. Sur ce point là, ils sont pareils. Le travail avant la vie de couple. Il y a de cela deux mois, lorsque le couple avait emménagé dans cet appartement de Staten Island, Elliot avait cru que le passé allait enfin les laisser vivre leur vie. Il avait eu cette naïveté enfantine de croire que Jamie allait enfin se montrer moins distante avec lui. Quelle erreur ce fut. Pourtant, il est toujours là, décidé à la soutenir encore et encore. Est-ce qu’il sera perpétuellement contraint de vivre dans l’ombre d’un autre homme ? songe-t-il intérieurement alors que, marchant sous un soleil radieux, il vient de lever la tête en direction de l’immeuble qui se dressae au-dessus de lui. Elle est là, trois étages plus haut, ses cheveux dansants sous le soufflement d’une légère bise, toujours aussi belle que lors de leur première rencontre. Lorsqu’il la voit, son enthousiasme balaye tous ses doutes. Dorénavant, Eli n'a plus qu’une idée en tête : prendre Jamie dans ses bras, ne serait-ce que pour s’assurer de sa présence dans leur loft. Sa démarche se veut beaucoup plus rapide alors qu’il entreprend de grimper les marches de l’immeuble deux par deux. Pourtant, alors qu'il s'apprête à ouvrir la porte d'entrée, Eliott se stoppe lorsqu'un rire qu'il connait parfaitement parvient à ses oreilles. C'était impossible, elle ne peut pas être là. Pas chez lui. Pas avec la femme qui avait réussi à lui faire oublier son départ. Posant sa main frêle sur la poignet, Eliott ouvre la porte. Il doit savoir. Un pas, puis deux et son sac tombe à la renverse. « Elliot ? Tu es sûr que ça va, on dirait que tu viens de voir un fantôme. »« C'est l'idée. » se contente-t-il de répondre alors que son regard croise celui de celle qu'il a longtemps aimé. « Bonjour Eli. » Bonnie. Elle allait le rendre fou, encore...