elle fume, là, assise sur un banc. ce n'est pas son genre, à louise, de tirer sur une malboro quand il est si tôt. mais voilà. son genre à louise, c'était luck et plaqué or et maintenant, aucun des deux est dans les parages et elle en a marre. marre, marre, marre de tout et surtout de rien. elle en a marre du gamin qui gueule à côté, puis de la vieille qui donne à manger aux pigeons, et surtout, surtout elle en a marre de ce couple qui se bécote à neuf heures du matin un dimanche. c'est quoi leur problème, à eux?
puis louise, elle veut prendre un vrai bol d'air frais. s'étouffer avec. s'asperger. l'absorber. il faut dire qu'elle veut en profiter, de cette liberté. il lui a donné, elle l'a forcé à lui donner. il serait peut-être temps qu'elle essaie. être un fantôme, ce n'est pas une solution. alors elle avance, avec ses converses aux pieds. son jean trop cher. son pull trop large. l'air paumé. fatigué. quand même heureuse, les cheveux dans le vent. hideuse, depuis le temps.
elle marche sans s'arrêter, sans regarder ou elle met les pieds. juste marcher. vivre un peu mais pas trop, elle serait capable de se fatiguer. et puis, il est plus là et tout tombe, tout se fissure, alors elle ne sait pas. peut-être que c'est juste comme ça que ça doit se passer. qu'elle passe des heures à faire semblant de vouloir exister. c'est comme ça, qu'on lui a dit une fois.
les contes de fée, ça foire à chaque fois.
puis elle entend du bruit derrière les arbres. c'est pas un bébé, c'est pas une vieille, c'est pas un couple. des voix. enfin une voix masculine. trois petits mots puis le silence. étrange. alors elle avance, les mains dans les poches, intriguée.
ça fait longtemps qu'elle a pas été curieuse, la lolita.
mais quand elle contourne l'arbre, c'est tout un semblant de sérénité qui s'effondre. "lucky. qu'est-ce que tu fais-là?" c'est vrai quoi. comment elle fait, lou, pour respirer si t'es pas loin? elle fait comment pour y arriver, si toi t'es là? elle le regarde presque brutalement.

ça faisait longtemps.

il est là.
c'est comme un coup de marteau sorti de nulle part qui la fait sursauter. il est là, devant elle, vivant, tout sourire. lou le regarde, lou l'observe, lou le transperce. et il sort une connerie polie. histoire que ça passe. histoire qu'elle oublie qui il est, ce qu'il fait, ce qu'elle fait, ce que tout le monde fait.
mais louise ne sait pas comment on dit bonjour aux gens quand on les a virés de notre vie. on leur sourit? hors de question. lucky serait capable de lui rendre, ce sourire. et ça, ça serait horrible. on leur tend la joue en quête d'une bise, ou d'une toute autre chose, en espérant qu'ils feront le premier pas? non. louise ne fait jamais ça. louise attaque, louise joue mais n'attend pas sur le banc de touche comme une débutante. plus depuis longtemps. alors elle attend. implacable, impassible, indifférente poupée de cire.
"tu sais qu'on a pas le droit, au moins? tu vas t'attirer des ennuis." elle dit ça comme ça. parce qu'au fond, elle s'en fiche lou, des fleurs. elle s'en fiche même de luck (pas vrai?), mais il est là alors c'est dur de l'oublier.
malone s'avance. et redwyne a la subite envie de reculer. très loin. très loin de cette main tendue. c'est comme un ciseau qui coupe tous les liens qui existent entre eux. ça fait un peu mal. mais elle la lui sert, la main. amicale. pwah. quelle blague. elle relève les yeux vers lui. un souvenir de sourire sur le bout des lèvres. "depuis quand tu cours?" depuis que tu t'ais trouvé quelqu'un d'autre et que t'as refait ta vie? elle ravale sa salive. c'est sa faute à elle après tout. elle pensait faire quelque chose de bien. je ne t'aime plus. sur le coup, ça lui semblait être la bonne raison. la véritable raison de ce trou noir ambiant. de ce sinistre silence. et elle se le répète encore. je ne l'aime plus, je m'en souviens. le voir, ça ne fait rien. mais elle est même pas capable de lui serrer la main. elle le lâche comme s'il l'avait brûlé, avant de cacher ses dix petits doigts dans les poches de son sweat qui empeste encore le tabac.

Tu sais pas ce que ça fait, toi. Tu ne sais pas ce que ça fait de la voir là. Nue. Nue de tes bras. Nue de son sourire qui lutte contre le vent, contre le temps.
"tu sais qu'on n'a pas le droit, au moins? tu vas t'attirer des ennuis." Des ennuis ? Les ennuis ils sont venus quand elle est partie. Juste après que Redwyne a quitté le navire, voilà la mer qui s’agite. Sans bouée pour te sauver. Sans Louise pour te rattraper. À sa maigre mise en garde, le brun se contente d'un léger mouvement d'épaule. Même pas peur. Un loup ça ne craint rien.
Te parler du bon temps qu'est mort et je m'en fout, te dire que les méchants c'est pas nous. Le profond malaise qui s'installe transperce le garçon. Est-ce qu'elle aussi ça la touche ? Est-ce qu'elle sent les aiguilles du silence ? Visiblement non. Louise a toujours été meilleure dans l'art de la mascarade. Le masque de la fierté lui va mieux. "depuis quand tu cours?" Depuis quand ? Depuis que j'ai plus ton sourire pour me fasciner, connasse. "Depuis aujourd'hui, c'était ma première tentative. Et sûrement la dernière, vois-tu" assura le jeune homme avant de reculer. Juste pour rétablir une distance normale. Entre deux personnes normales. Qui se parlent de manière normale. Qui se regardent de manière normale. Qui se sont aimés de manière anormale.
"Et toi, tu fais quoi ici ?" Tu fuis quoi encore Redwyne ? Ton passé ou ton avenir ?

il hausse juste les épaules. l'air de dire, c'est pas grave, je m'en fiche moi. c'est vrai que luck ne craignait pas grand-chose, avant. c'est vrai qu'il avait l'air fort, au fond. maintenant il a juste l'air lui. diamétralement différent. comme le passé qu'on a trop balayé et dont il ne reste que des lambeaux.
puis y'a le silence. juste le silence. mal à l'aise, louise, à le regarder, à ne pas savoir quoi dire de peur de faire une connerie. mais ne rien montrer, ne rien laisser passer, parce que c'est elle qui a tout fait foirer et c'est comme ça. on assume. on survit. on apprend à vivre sans ça.
se construire une nouvelle maison. un nouvel amour, de toute pièce. des gosses. un chien. un jardin. des fleurs. une belle-famille. oublier lucky. oublier tout ça. oublier ce passé qui colle à la peau et qui l'empêche de se regarder dans un miroir correctement.
l'avantage, c'est que papa et maman étaient contents quand elle a dit c'est fini à lucky. "depuis aujourd'hui, c'était ma première tentative. et sûrement la dernière, vois-tu." et il recule. pour que ça ait l'air normal.
"ah. et qu'est-ce qui t'a donné cette subite envie d'enfiler des baskets?"
louise lui sourit. elle ne sait pas si c'est le semblant de normalité qu'il tente d'instaurer qui lui réchauffe le coeur ou autre chose, mais ça lui fait plaisir. qu'il essaie de rendre ça naturel. ou c'est simplement parce qu'elle a envie de lui montrer, regarde comme je suis bien depuis que je t'ai dit de dégager. regarde comme ça me fait rien de voir ton placard complètement vidé.  
"et toi, tu fais quoi ici ?" elle ne baisse pas les yeux. mais c'est tout comme. "j'essaie ..." d'oublier. de recommencer. de réapprendre. de respirer. de vivre. d'exister. de voir. de m'intéresser. de rencontrer des gens. d'observer des jolies choses. de mourir un peu. de t'oublier toi. mais je rate à chaque fois, tu vois, parce que t'es encore là. alors dégage, malone. casse-toi et laisse-moi faire mon deuil tranquillement. putain. "j'essaie de me faire à la vie des gens normaux." et elle hausse les épaules. sale gosse de riche qui se réveille à onze heures tous les matins, parce qu'elle n'a cours que l'après-midi.

Arrête de jouer la victime. Sa victime. Certes, Louise Redwyne t'a jeté. Griffonné. Froissé. Elle va continuer de vivre. Fonder sa propre famille de têtes blondes. Comme la bourge' qu'elle a toujours été. Une petite prétentieuse qui a décidé d'affronter son existence tapissée de billets sans le brun.
Lucky qui désormais tente de recommencer. Baiser. Fumer. Crier. Chanter. Sniffer. Et plein d'autres trucs en -er qui font mal au corps mais qui amaigrissent l'esprit. Louise, elle sourit, une belle ébauche de bonheur qui illumine son visage. "ah. et qu'est-ce qui t'a donné cette subite envie d'enfiler des baskets?" Malone n'en sait rien, il réfléchit plus trop. Faut quand même qu'il lâche une banalité pour avoir l'air d'un homme qui prend sa vie en main ; "peut-être l'envie que tu me regardes à nouveau" Merde. MERDE. Ce n'était pas ça qui fallait dire. Fallait pas balancer ça. C'est faux, cette fille, ce n'est rien, c'est du vent. Bordel.
Rire.
Rire nerveux.
Rire amer.
Les traits du brun se crispent, feintant la boutade. L'ironie. Le jeune homme oublie, vite. Il souffle, plusieurs fois comme pour formater sa matière grise. Blanc total.
"j'essaie … j'essaie de me faire à la vie des gens normaux. " qu'elle peste. Le quidam retient avec force et regret un sourire vainqueur. Conquérant. Louise ne s'est pas encore habitué à ce vide qu'il a laissé. Aussi infime soit-il. Peut-être que monsieur le destin veut que tu la gagnes encore ? Où est ce juste le signe que c'est le moment de la laisser partir, baluchon sur l'épaule. Le zigue chasse tout ça, se reconcentrant sur le cours de la discussion. Normal on a dit. "Alors bonne chance, y en a, ils ont beau essayer, ils n'y arrivent pas. Mais je suis sur que tout ira bien pour toi" tout va bien. Tout ira bien. Comme d'habitude.

"peut-être l'envie que tu me regardes à nouveau" connard.  
ça fait mal au coeur. mais il le dit quand même. et ça résonne. dans le silence. et y'a un rire, son rire à luck, qui retentit. mais il y a rien de l'éclat qu'elle aim(ait)e tant. ce n'est qu'un rire. plat. nerveux. un rire qui retourne le couteau dans la plaie. louise aussi, elle aimerait bien le regarder encore une fois. pour combler le vide, le vide partout.
le vide le matin, quand elle se réveille seule dans son chez elle impeccable. le vide la journée, quand elle va en cours sans recevoir un message de luck. ni de personne d'ailleurs, parce que lou ne prend plus son téléphone. elle se barricade dans sa solitude. pour noyer le vide. pour le respirer si fort qu'il n'en restera plus une miette. une connerie du genre. le vide le soir, quand elle s'allonge sur son sofa, à regarder des émissions de vieux. des émissions qui suintent la solitude.
le vide que luck a laissé et que lou voudrait bien remplacer.
alors quand il dit ça, louise baisse les yeux, désolée. désolée de ne pas avoir réussi. de n'avoir rien dit. d'avoir abandonné trop tôt. d'avoir compris trop tard. désolée d'être elle, un peu. désolée qu'il soit lui, sans doute. désolée qu'il n'y ait pas de nous, mais un je et un tu, séparément.
"alors pourquoi tu veux arrêter? t'as décidé de vraiment abandonner?" t'as décidé de vraiment m'abandonner? c'est tout ce qu'elle demande. c'est la seule chose qu'elle est capable de lui lancer en plein visage. puis elle lui dit qu'elle essaie de s'habituer à la vie des gens normaux. des gens seuls du soir au matin. elle essaie de s'habituer à une vie sans l'amour de lucky. et elle ne sait pas, peut-être parce qu'ils se sont trop aimés ou pas assez ou encore, justement, encore trop fort, mais elle n'y arrive pas. c'est trop dur et elle est trop fatiguée.
"alors bonne chance, y en a, ils ont beau essayer, ils n'y arrivent pas. mais je suis sur que tout ira bien pour toi." voilà. voilà l'ironie du sort. lou, elle aime pas dire nous. parce que voilà, les gens se séparent forcément. mais toi, dans la bouche de lucky, ça fait bizarre. ça te le dit, que ça foire quelque part. que t'as raté un truc, n'importe quoi, pour qu'il ne soit pas avec toi. et louise le sait. louise l'entend.
elle le regarde. tout ira bien. "et toi, est-ce que ça ira?" dis-le moi, que ça ira pas, et promis on changera. dis-le moi, que tu y arriveras pas, et peut-être qu'on réessaiera. "enfin, je veux dire, est-ce que ça va, t'as retrouvé un appart, tout ça?" lâche. fuyarde. incapable. peureuse.

"je trouverais un autre moyen" elle relève les yeux vers lui. elle ne sait pas quoi dire. ni quoi faire. ni quoi répondre. on peut s'aimer plus longtemps, tu ne crois pas? encore un jour, encore une heure, encore une seconde. je crois que j'étouffe. sans toi. loin de nous. avec moi. toute seule. c'est horrible. tu connais ça, toi? puis elle baisse les yeux. parce qu'elle lui a dit. droit dans les yeux. j't'aime plus. comme ça. entre deux souffles. main dans la main. sourire plaqué or sur le bout des lèvres. robe chanel couleur pastel. manteau léger. chaussures trop chères. y'aurait pu avoir marqué connasse sur son front que ça aurait rien changé. qu'elle aurait toujours eu ce petit air de poupée. j't'aime plus. c'est le genre de coup de revolver qui claque dans l'air. mais est-ce qu'elle s'en souvient, la môme? est-ce qu'elle se rappelle de ses mots, hein? pas sûr. de toute façon, avec lou, on est jamais sûr de rien. c'est vrai que redwyne, elle se la joue souvent coup du destin.
boum, c'est la fin.
"bof, j'ai un peu le mal de.. le mal de mer. enfin tu comprends quoi, j'essaye de rebondir, je ne vais pas tarder à m'installer en coloc." sa gorge s'assèche. ah, et tu refais ta vie? sans moi? tu sais que t'as pas le droit, au moins? putain. elle relève les yeux après le mot coloc. c'est pire qu'un je t'aime plus. c'est pire que tout et presque rien. ça veut dire que demain, ce petit de demain qui lui fait tellement peur à lou, luck, il le passera pas tout seul. c'est bête, c'est égoïste, mais louise, elle aurait aimé qu'il soit encore seul longtemps. ils auraient été seuls tous les deux. encore un peu.
"oh. c'est ... bien." elle ne demande pas qui, elle ne demande pas ou. louise, quand elle a peur ou quand elle a mal, elle joue une carte usée, une carte pourrie. lou l'indifférente. il paraît que luck la connaît déjà. tant pis. elle a pas mieux pour l'instant.
"et sinon, tes études ça avance ? ta vie ça évolue ?" quand il pose cette question, elle a la main dans la poche. elle attrape son paquet de clopes et elle en prend une, la main tremblante, pour la glisser entre ses lèvres. puis elle l'allume. nerveuse. question piège. si elle répond oui, elle ment. elle ment donc forcément, elle a quelque chose à cacher. si elle répond non, elle dit la vérité. mais elle lui laisse sa chance donc forcément, elle l'aime encore. question piège. doigts qui tremblent. inspire. expire. crache la fumée amère. relève les yeux.
"y'a ta chemise à la maison." c'est ça, réponds à côté. "tu sais, celle que tu mettais que si je t'obligeais et euh... elle est lavée, repassée, faut juste que tu viens la chercher chez ..." nous. "moi." elle dit ça comme si elle venait d'y penser. comme si subitement, cette putain de chemise avait de l'importance. elle tire une taffe. plus longue. elle respire. plus doucement. elle tremble. moins.
"en fait... ça va. je, mh, j'ai personne de fixe parce que j'ai plus le..." courage. "temps. j'en profite pour travailler. lire. " oublier.
elle hausse les épaules. écrase nerveusement sa clope sous sa basket. pas envie de fumer. plus envie.
"désolée, luck, mais c'est vraiment trop bizarre." elle fait demi-tour. prête à retourner à son banc. à re-fumer une cigarette. à re-regarder ces gens sans intérêt. à rejouer cette vie-là, sans luck.

Venir chez elle. Ce « elle » qui remplace le « nous » joue le rôle d'une balle de plomb dans la mâchoire. Ce chez elle, autrefois, il y vivait aussi. Et la chemise qui s'y trouve était entourée de tous ses autres vêtements.
"désolée, luck, mais c'est vraiment trop bizarre." Oui c'est bizarre, Lucky le trouve aussi mais il la laissera pas fuir. Il la connaît sa Louise, elle et ses coups de sang, elle qui la pousse à fuir la moindre situation qui la dérange. C'est d'ailleurs ce qu'elle fait en lui tournant le dos, sa clope au bec. Ses fines lèvres pincées pour retenir la tige de tabac. Elle amorce sa course vers ailleurs. Loin du garçon.
Non.
Alors il attrape sa main. Il serre ses doigts en tremblant un peu. Trop de courage pour lui. Il avait dit qu'il trouverait un autre moyen, le voilà. Se faire violence et assumer sa condition d'homme. Redwyne s'est arrêtée, figée comme une statue de sel. Comme le brun, elle se questionne sur le pourquoi de cet acte. Alors comme pour justifier son acte, il affirme "Tu n'as plus le temps ? Tant mieux, il paraît que je ne suis pas trop encombrant. Une, deux, trois minutes, ça me suffit amplement". Malone, il est comme ça, modulable, facile. Une véritable pièce détachée.
Du bout du bras, il la tire doucement pour croiser son regard, recevoir un signe. Même si c'est un refus, qu'il va avoir mal le garçon, ça ne sera pas la première fois.
Lui qui n'aime pas le destin, il s'y remet tout entier, tête baissée. En priant pour qu'une bonne étoile le sert contre elle.
"Enfin, si jamais tu préfères donner ton temps à quelqu'un d'autre..." je peux m'effacer. Partir. Obéir. Au lieu de ça, il attend, tendu, le regard bariolé de ses fines mèches ébène.

redwyne amorce son coup du destin. elle prend de l'élan, beaucoup d'élan, puis elle saute.
elle fait demi-tour.
et elle tombe, de très haut. le temps d'un instant, elle sent les crocs de la vie se resserrer sur elle, la garce, mais c'est juste un instant.parce qu'après, il attrape ça main. et tout va bien. tout va mieux. le nord, le sud, l'ouest, l'est. la gauche. la droite. tout reprend sa place. le temps se remet à tourner doucement.
elle reste droite. ne se tourne pas. s'arrête comme si elle avait un couteau sous la gorge. "tu n'as plus le temps ? tant mieux, il paraît que je ne suis pas trop encombrant. une, deux, trois minutes, ça me suffit amplement." elle souffle. soupir un peu. réapprend à respirer, aussi. puis lucky tire sur son bras et elle se retrouve face à lui, mais elle ne le lâche pas. pas deux fois. "enfin, si jamais tu préfères donner ton temps à quelqu'un d'autre..." elle pince ses lèvres dans le vide. glisse sa main libre à sa nuque. réfléchit. pèse le pour (trop lourd). pèse le contre (trop lourd aussi, mais parce que y'a que fierté là.) on y ajoute son ego. sa connerie. voilà, c'est pas bon tout ça.
pour, le sourire de luck. ses baisers. sa voix, juste sa voix. son air un peu maladroit. toujours bien faire, toujours tout faire. luck est doué. puis luck part pas, il abandonne pas. les sentiments.
contre, des choses qu'elle ne calcule pas vraiment.
"j'avais pas prévu ça du tout. vraiment pas." sa main retombe le long de son corps. "tu sais, si les choses marchent mal une fois, elles marcheront pas après..."  
lucky, il est toujours là. c'est le genre de personne qui revient, toujours. c'est le genre de garçon qui s'installe dans votre vie sans que vous vous en rendiez compte. il est là et vous l'aimez. peut-être pas assez parce qu'il vaut tout l'amour du monde, luck, mais vous l'aimez. à votre façon. un peu maladroite et hésitante. et il vous aime aussi. parce qu'il est comme ça. il aime sa meute. il aime les siens. c'est le genre de garçon que vous pouvez fuir toute votre vie (louise essaiera bien volontiers), il sera jamais très loin. même s'il refait sa vie. parce qu'il s'attache, luck, hein? il s'attache tellement fort que même une fois attaché à quelqu'un d'autre, il aura toujours une carte pour vous à noël, un œuf à pâques, un baiser à la saint-valentin. parce que c'est comme ça. quand louise part, louise décroche, louise abandonne. elle fuit. mais pas luck. c'est peut-être pour ça que ça foire entre eux, un peu.
parce que luck abandonne pas mais louise, elle attend que ça.

Lucky il y croit, il y croit pour deux. Il y croirait pour cent s'il fallait. Parce que même quand on est pauvre, seul, il nous reste toujours l'espoir. Lucky c'est un prince, il vit dans les dessins animés. Il vit à la télé. Là, où la jolie fille sait ce qu'elle veut. Là où il n'est pas obligé de sortir les poings pour se faire entendre.
Parce que Lucky, il n'est gentil qu'avec la garce, sa garce. Les autres, il leur sort les crocs, il pète des nez et éclate des arcades quand sa lui plaît pas. Il n'est pas violent, il s'impose comme il le peut le louveteau. Et c'est ce qu'il fait à ce moment précis, son regard qui soutient avec vaillance celui de la brune. Elle se masse la nuque, gênée. Elle est jolie quand elle est jolie, ses yeux s'étirent dans un air rieur et son sourire maladroit. Louise elle est belle quand elle est spontanée.
"Je n'avais pas prévu ça du tout. vraiment pas. tu sais, si les choses marchent mal une fois, elles ne marcheront pas après..." Boum. Bien sûr qu'il ne s'attendait pas à ce qu'elle saute au plafond mais un tel pessimisme ne fait de bien à personne. Peu importe. Lui, il se veut rassurant, confiant. Loup Malone. "Dis quand tu apprends le vélo, tu tombes non ?" la questionne-t-il avant de renchérir "mais tu te relèves toujours, tant que tu as le courage, l'envie... Alors imagine toi qu'on apprend à faire du vélo" qu'on apprend à s'aimer. Vive la métaphore gringalet, on a déjà vu plus poétique.
Le zigue refait un pas, juste un, pour pouvoir sentir son parfum. Toujours le même. Celui qu'il aimait tant. Il la dépasse de quelques centimètres, comme toujours et ça le fait sourire (encore). Ses pulsions lui crient de l'embrasser de manière compulsive.
Joue le loup. Assume ta nature.

"dis quand tu apprends le vélo, tu tombes non ? mais tu te relèves toujours, tant que tu as le courage, l'envie... alors imagine toi qu'on apprend à faire du vélo" elle ne sait pas, louise. parce qu'elle, elle a appris avec un professeur spécial, payé des centaines pour ne jamais égratigner la poupée. alors non, louise ne tombe pas, louise, on la relève du bout des doigts et on trinque pour elle, on se s'écorche les genoux (et les coeurs) pour éviter que louise ait mal. c'est bête, c'est moche, mais c'est comme ça.
lucky fait un pas. un pas de plus vers elle et d'instinct, elle lève les yeux. parce qu'il est plus grande qu'elle, malone, et que c'est comme ça qu'elle l'aime. à contre-jour, comme illuminé par son propre soleil. à contre-coeur, parce qu'ils sont pas pareils mais ils s'aiment quand même.
sauf qu'il est trop près, lucky. il joue mal (très mal) l'homme normal. et elle, elle est pitoyable dans son rôle. elle le regarde et elle se mord la lèvre. mais pas de façon mignonne et attendrissante, comme dans les films (t'façon, louise la regarde pas, la télé) non, c'est plus comme si elle voulait se faire mal sans savoir comment. comme si elle se battait avec elle-même. mais louise se bat pas, louise se salit pas. elle ordonne qu'on se batte pour elle, c'est pas la même chose. puis louise ne sait jamais ce qu'elle veut, de toute façon. "et qu'est-ce qui te dit qu'on est encore capable d'apprendre? le vélo, c'est pas censé s'oublier." alors comment j'ai fait, moi, pour oublier que je t'aimais?

Le garçon il en marre. Marre d'attendre. De tergiverser, trépigner à dix centimètres de la brune. Merde, il déteste ça, hésiter. Le doute ça le rend fou. Comme beaucoup de choses. Comme Louise. "et qu'est-ce qui te dit qu'on serait encore capable d'apprendre? le vélo, ce n'est pas censé s'oublier." elle a peut-être raison. Ou peut-être que les deux énergumènes pédalaient (s'aimaient) mal. Des fois ça prend du temps.
Lucky il ne sait pas quoi répondre. Ce n'est pas à lui de toujours courir. Alors voilà, il pose ses lèvres sur celles de la brune. Doucement, comme il faisait autrefois. Comme elle aimait. Ça dure quelques instants, c'est bref mais intense. Un peu comme un feu d'artifice. Et après le feu, il recule. En silence. Malone a tendu la perche, s'est jeté à l'eau. La balle est dans le camp de la brune, juste à ses pieds.
Le dos maintenant tourné, il commence à s'éloigner. À son tour. Après tout, Lou elle est assez grande pour savoir. Peut-être qu'elle le laissera partir, par fierté. Ou peut-être que finit les gamineries, elle se prendra un peu en main, sans que ses parents n'aient à payer personne.
Voilà Lou, je t'ai tout dit, j'ai tout soufflé. Tes lèvres sont toujours aussi douces d'ailleurs, visiblement elles n'ont pas été beaucoup usée par tes soupirants. Ils savaient surement pas s'y prendre. Pas comme moi. Et à ses pensées, il sourit, le vent qui lui fouette le visage. Heureux le louveteau. Heureux de ce geste.

il l'embrasse.
tout doucement, comme un coup de vent.
feu d'artifice, bombe. les vagues se fracassent contre le rocher. l'orage. la pluie. puis la neige. ça explose dans sa poitrine mais elle s'en fiche. parce qu'elle est sur un petit nuage.
il l'embrasse.
c'est rapide, geste fugace.
c'est brouillon. c'est l'esquisse d'un baiser.
puis il recule, et il s'en va. un pas, deux pas, trois pas.
il s'éloigne d'elle sans demander son reste. parce qu'il l'a tendu, la perche. si loin que lou, elle a juste à tendre la main. elle a juste à faire un pas. vers lui. vers eux. et elle est assez grande, maintenant, pas vrai?
elle est assez grande pour apprendre à pédaler (bien.) et à l'aimer vraiment (beaucoup). elle a le droit. de remplir le vide.
et tant pis si ça marche pas, pas vrai? tant pis si elle oublie encore une fois. ça sera fini et puis voilà. mais au moins, ils auront essayé. et pour ça, lou, elle aura même pas eu besoin de payer. peut-être qu'elle devra acheter des gens pour réparer son cœur tout cabossé (pour que lucky l'aime encore plus. pas vrai?) mais elle a pas à payé luck. jamais.
alors elle se met à marcher aussi. puis quand elle arrive à sa hauteur (elle a dû courir un peu, il était loin. ou il faisait de grand pas.) elle lui fait un sourire un peu hésitant. elle glisse sa main dans la sienne et elle y entremêle ses doigts.
c'est pas un vrai oui et c'est pas un faux non. mais c'est déjà une réponse. faut dire que louise est pas douée, avec ça. ni avec les dilemmes, ni avec les mots, et encore moins avec les maux. quand il s'agit pas de carte visa, elle perd ses moyens. (c'est le cas de le dire.)
puis quand il regarde enfin son sourire, mais qu'elle continue à marcher, elle lui lance : "on va ou comme ça?" puis elle regarde autour. parce que pour une fois, c'est pas lucky qui va suivre louise, mais c'est lou qui va courir derrière luck.
même si elle ne sait pas ou ça les mène, même si elle n'a pas pris de vraie décision, même si beaucoup de choses, elle le suivra quand même.
pour voir ou l'amour, une seconde fois, la mène.

Lou, il sait qu'elle a peur. Toujours. Peur de tomber, de se cogner. Parce qu'on lui a pas apprit à la jolie. Cette poupée de chiffon, elle a toujours eu un casque et des genouillères. Protégée jusqu'au bout des ongles. Et Luck, lui, il veut lui apprendre tout ça. Combien c'est agréable de prendre des risques. Lui faire comprendre que la falaise est pas si haute, qu'il n'y a pas de rocher en bas. Il avançait, le regard fixé sur ses pensées, lorsqu'elle arriva la colombe. Ses doigts se glissèrent entre ceux du brun, en silence. C'est doux, c'est Louise.
Il serre un peu plus, lui aussi il tremble un peu.
Comme si tout aller se briser.
"on va ou comme ça?" Redwyne, elle aime pas ne pas savoir. Marcher les yeux bandés, encore une fois, elle sait pas. Malone, il sait pas où il va avec elle. Il espère qu'ils vont continuer, reprendre leur chemin sans avoir le vertige. Avancer au côté de la garce. " j'avais pour projet d'aller prendre une douche mais il faut avant que j'aille chercher la chemise que j'ai oublié chez toi" sa phrase s'écrase dans un sourire, plus franc. Un sourire façon Lucky. Le zigue sait bien qu'elle ne parlait pas de la trajectoire qu'ils prenaient mais il ne veut plus lui mâcher le travail. Finit de servir son amour sur un plateau doré, Louise ne sait pas ? Alors il va lui apprendre. Lui montrer comment on aime vraiment. Lui faire ressentir ce sentiment d'attente nuancé de désir.
Il l'emmène sur une autre planète.

luck, il est courageux, il n'a pas peur. il avance ou le vent le mène, tête haute et grand sourire. et louise le jalouse, un peu, beaucoup. "j'avais pour projet d'aller prendre une douche mais il faut avant que j'aille chercher la chemise que j'ai oublié chez toi.", elle lui lance un regard. le genre de regard qui dit "tu te moques de moi, pas vrai?", mais luck sourit et c'est fini, lou, elle sait. qu'il va l'obliger à apprendre, qu'il va lui redemander de sauter. et tout d'un coup, elle a peur de ce qu'elle fait. parce que soupirant ne soupire plus, se languissant de son absence. et la pâquerette n'est que l'esquisse d'une fleur fanée au printemps dernier. "donc direction chez moi?" lance-t-elle doucement, résignée à l'idée d'apercevoir les rochers, la hauteur, et le bestioles du haut de sa falaise. mais tout ira bien. parce que luck, il n'est jamais très loin.
louise avance doucement quand elle tourne sans demander son reste à lucky. elle tire sur son bras et elle reprend sa promenade, quand elle aperçoit la voiture à papa marié et presque heureux au coin de la rue. luck va pas trop aimer parce que es chauffeurs, lucky apprécie pas.
"et t'es sûr que tu veux... la récupérer, cette chemise? on peut peut-être faire garde alternée..." qu'elle propose doucement. avec un sourire. ça la dérangerait qu'il voit que la chemise est pas aussi bien pliée qu'elle n'a osé le stipuler.

Lucky il n'est pas musicien, il ne manie aucun instrument, il ne manie pas grand-chose d'ailleurs. Son existence est marquée, imprégnée des coups de sang des femelles de sa meute. Aussi, le petit bonhomme en bois avance, face au vent, encrant bien ses pieds au sol pour ne pas s'envoler. Les fins doigts de la brune le lient d'un fil doré à un semblant de soulagement. Comme un léger halo de lumière dans l'obscurité totale. "donc direction chez moi?" qu'elle le questionne, presque à contre cœur la poupée. Ses grands yeux noisette, où se trouve l'abîme dans lequel elle y jette toutes ses peurs, planté sur le visage du garçon avec curiosité. Avide de savoir.
Elle tire, à bout de bras, elle le tire. Comme si elle l'emmenait sur une piste étoilée. Un truc un peu brillant. Elle tire encore jusqu'à que le brun se laisse emporter, jusqu'au coin du carrefour. Où ronronne une belle voiture, lustrée. Chère. Ça ne le surprend même plus le petit bonhomme parce que Lou c'est Lou. Et Lou, sa vie de princesse, elle y tient. Trop. "et t'es sûr que tu veux... la récupérer, cette chemise? on peut peut-être faire garde alternée..." il rit, un peu. Au fond, la chemise, il l'a déjà oublié, Luck ce qu'il veut c'est une bulle. Se cacher du monde. Se cacher du soleil, ce voyeur. Tapi dans la chambre de Redwyne ou dans ses bras, il a juste besoin de ça le louveteau. Avec une pointe d'ironie, il finit par conclure " à vrai dire ce n'est pas pour la chemise que je désirais venir chez toi.." il dit ça comme ça. Lou, elle comprendra.
Les pas ne s'arrêtent pas jusqu'à ce qu'il se retrouve face à la belle voiture et au vieil homme qui la conduit. Un des nombreux sbires de la famille Redwyne. Lucky il n'en veut pas de lui. Pas d'homme costumé pour cette fois. Juste lui et la lolita. Alors, la poignée enclenchée, il baratine durant quelques minutes, tout cela au nom de mademoiselle Louise. Chemin faisant, il finit par réussir à faire descendre l'homme en tenue de pingouin pour prendre sa place. Il rit, beaucoup cette fois. Les mains sur le cuir du volant, il fait rugir le moteur avant de baisser la vitre fumée, son air vainqueur au coin des yeux. " Tu montes?" adressa-t-il à sa brune indécise.

lou, elle a cette manie stupide d'aligner ses pas sur ceux de luck. elle se dit que c'est une habitude, qu'on ne se défait pas de nos habitudes et que ça nous suit jusque dans notre tombe. d'ailleurs, lou, dans la rue, elle alignait ses pas sur ceux des autres personnes mais ils marchaient tous si vite qu'elle perdait le fil et qu'elle abandonnait. elle se sentait toute seule alors elle rentrait. et dans son appartement impersonnel, si bien rangé, elle se mettait à rêver d'un endroit ou elle n'aurait pas besoin d'aligner ses pas.
lou, elle aime bien le faire parce que comme ça, elle a pas l'impression d'aller nulle part. elle avance avec luck donc forcément, elle a une destination, même mauvaise. c'est vrai que louise, elle a besoin qu'on lui dise que tout ira bien, même  si elle préférerait se retrouver cent fois nulle part que de l'avouer. y'a des évidences qui lacèrent le cœur.
elle le tire jusqu'à la voiture, sans se soucier de ses pieds ou de ses yeux qui rient, sans voir les gens autour et le bruit de la ville. il n'y a que ses pieds à elle qui foulent le sol et c'est bizarre. elle a l'impression d'apprendre à marcher.  "à vrai dire ce n'est pas pour la chemise que je désirais venir chez toi.." si elle n'avait pas été lou, redwyne aurait rougit. se serait offusquée. aurait ne serait-ce qu'émis une réaction. (parce que lou a les idées mal placées et qu'il n'y a qu'une seule chose à laquelle elle peut penser.) mais lou étant lou, l'hideuse petit princesse, la môme n'esquisse pas un geste. si luck se penche, il pourrait voir, par contre, que ses yeux rient. "jamais rien le premier soir, tu te souviens", qu'elle chuchote. puis elle détourne les yeux de son manège. elle entend vaguement des voix, mais quelle importance? il y a luck. tout va bien. enfin... pas quand elle tourne la tête et qu'albert sort de la voiture. les mains sur les hanches, lou penche la tête face au sourire goguenard du loup. sachant le combat perdu d'avance (elle abandonne beaucoup quand il s'agit de lucky.), elle tend quatre ou cinq billets au chauffeur. elle lui dit qu'il peut prendre un taxi et qu'il est en congé aujourd'hui. et demain. et qu'il garde la monnaie. parce que louise aime bien dire ça. elle se sent grande.  " tu montes?" qu'elle l'entend. alors la môme lève les yeux au ciel et s'installe à l'avant de la voiture. à son aise. comme d'habitude. les bras croisés sur la poitrine. un air boudeur. "compte pas sur moi pour te payer. que ce soit en nature ou en billet." puis elle ouvre le petit miroir et elle se jette un coup d'oeil. une autre manie stupide. elle a l'air toute blanche. tout fatiguée. toute seule. mais ses lèvres, elles sont un peu rouges. et ses joues aussi. elle a l'air amoureuse. c'est bête, quand même, de dire avoir l'air quand on veut l'être. complètement. insolemment. durement. totalement. "roule pas trop vite. ah et...hm, tu pourras prendre une douche à la maison." ça sonne comme un ordre mais c'est clairement une invitation. puis elle referme le miroir d'un geste sec.

"jamais rien le premier soir, tu te souviens" Lucky, ça l'amuse, parce qu'avec Lou, ils ont des règles. Quelques-unes. Mais jamais ils ne les respectent, alors quand la brune lui chuchote ces quelques mots, il se contente d'un large sourire. Il ne veut pas y penser, ni planifier, juste voir comment se déroule la pièce. Lucky, le spectateur.
Le dos contre le cuir tendu, le loup ressent ce sentiment de puissance que peut provoquer un tel véhicule. Protégé par l'énorme monstre noir, il bidouille à l'autoradio pour avoir un fond musical. Ça le détend. La brune finit par prendre place à ses côtés, elle rend doucement les armes Redwyne. Malgré son air ronchon qui se lit sur la pliure de ses lèvres. "compte pas sur moi pour te payer. que ce soit en nature ou en billets." Il s'en fiche lui, il est étrangement de bonne humeur. Peut-être les rayons du soleil. Ou peut-être les hormones. Un mélange un peu compliqué, qui déclenche malgré tout un sourire béat. C'est un peu contagieux parce que dans son bonheur, il y tire Lou qui l'invite :"roule pas trop vite. ah et...hm, tu pourras prendre une douche à la maison." Louise elle a toujours ce petit air autoritaire comme pour avoir la sensation qu'elle dompte son existence. Mais Luck il sait qu'elle ne sait pas faire autrement, une sorte de rituel social.
Après avoir enlevé ses yeux mer du joli minois de la brune, il se reconcentre sur la route tout en accélérant de manière excessive. Juste pour rire devant l'air paniqué de sa passagère. Malone finit par se modérer pour le court trajet qui les sépare du domicile de la lolita. Le véhicule enfin à l'arrêt, il déclare tout en tapotant le genou de Lou :" Vous êtes arrivée mademoiselle". Rapidement, il s'extirpe de là, portant peu d'attention au bâtiment devant lequel il est posté. L'appartement fait partie du pack " gosse de riche". Il connaît les codes pour rentrer le loup alors il mène le couple jusqu'à devant la porte. La fameuse. Y a pas si longtemps, il aurait eu la clef.

il va trop vite, elle le sait, elle s'agrippe fermement à la poignée au-dessus de la fenêtre. il roule comme toujours, pour se moquer. pare que luck a un don certain pour ce genre de chose, pour la faire sortir de ses gonds. quand il est là, elle a du mal à ne rien dire, à ne rien penser, à ne rien faire. quand il est là, c'est tout le monde qui se remet à tourner sur une valse orchestrée. puis une main tapote son genoux et elle lâche la poignet en l'entendant. "vous êtes arrivée mademoiselle". elle esquisse un sourire amusé et quitte la voiture, blême. pour une addict de la dolce vita, lou a un peu de mal avec les vitesses. c'est comme ça. malone connaît les codes alors elle le suit, doucement, quand il s'arrête devant une porte, la fameuse porte, le mur entre eux deux qui s'est dressé, après vents et marées. ce mur qu'elle n'a pas voulu détruire, ce mur qu'elle n'a pas voulu construire. du bout des doigts, elle cherche la clé dans sa poche. et quand elle l'a, elle ouvre la fameuse barrière. "vas-y, entre, fais comme chez toi." murmure-t-elle avec un sourire en rentrant à sa suite pour refermer derrière elle. puis elle s'approche de lui, lou, et elle glisse son corps contre le sien avec une innocence feinte, tout en lui tendant un petit porte-clé, une clé au bout. "je sais pas si ça te servira, mais passe quand tu veux." qu'elle chuchote.