CONTEXTE ▲ State of Grace.

La vie n’est pas un sport qu’on se contente de regarder. Gagner, perdre, ou faire match nul, la partie est en cours, qu’on le veuille ou non. Alors allez-y, discutez avec l’arbitre, changez les règles, trichez un peu. Faites une pause et soignez vos plaies. Mais jouez. Jouez ! Jouez le jeu. Jouez vite. Jouez librement. Jouez comme s'il n’y avait pas de lendemain. D’accord, l’important n’est pas de gagner ou de perdre, l’important c’est la manière de jouer. — Meredith Grey (Grey's Anatomy).
☆ ☆ ☆Je n'avais pas dormi de la nuit, retournant dans ma tête les mille et une façons de lui demander pardon. Je n'avais pas voulu le blesser mais, à l'évidence, le mal était fait. Il ne m'adressait plus la parole, ne me jetait plus un regard. En l'espace d'une erreur, d'un instant, j'étais devenu à ses yeux une personne insignifiante. J'en venais à me demander si je devais réellement m'excuser, parce que ça recommencerait demain. Il y aurait toujours un mot plus haut que l'autre, une pensée maladroitement énoncée, un geste, une attitude déviante. Il n'y avait pas de relations parfaites, quelle qu'en soit sa nature. Je traînais donc des pieds, ce matin, sur le chemin de mon entreprise. Je saluais des collègues dans le couloir, accomplissais de menues tâches, et pris une pause café au Starbucks de l'angle, comme d'habitude. Il y était aussi, quelle drôle de coïncidence. Il me regarda longuement. Moi, je lui souriais. Je ne sais ce que l'écho de ce sourire produisit en lui, mais il s'avança vers moi et me tendit une poignée de main. C'était le moment idéal de lui tenir le discours que je m'étais répété. Pourtant, je n'en fis rien. Mieux valait ne pas insister sur les fautes, ressasser de vieilles blessures, s'étendre sur le passé et de tristes souvenirs. J'avais tout intérêt à serrer cette main, saisir au vol la seconde chance qu'il m'offrait. Pour rien au monde je ne renoncerai à la présence des êtres aimés à mes côtés.

STATE OF GRACE | 2014/2015.